Louise Desrenards on Mon, 30 Dec 2002 18:09:35 +0100 (CET) |
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[nettime-fr] De la révolution émergente |
NI DIEU NI MAITRE: LA VIE ENTIÈRE NE PEUT ÊTRE ENREGISTRÉE! MEME SI NOUS SOMMES DE CEUX QUI ONT FONDÉ LEURS ACTES EDITORIAUX ET SPECTACULAIRES EXCLUSIVEMENT EN MODE VIRTUEL DANS L'HYPERMEDIA... Apercevoir http://www.criticalsecret.com/n10/ "Précarité-Instabilité", abstracts et environnement du symposium pluridisciplinaire émergent à l'occasion des deux ans anniversaires de la revue en ligne www.criticalsecret.com ... LE LIVRE MATERIEL DES ACTES & DES ESSAIS EST A PARAÎTRE EN 2003. Special thanks: Prise de risque: Les directeurs scientifiques qui ont accepté de jouer la confrontation de leurs savoirs innovants dans un champ matérialiste critique et pluridisciplinaire hors des universités... Pour se faire une idée, bilan des actes: http://www.criticalsecret.com/n10/SYNTHESE/index.php (Si vous voulez connaître la définition de l'émergence sous laquelle globalement criticalsecret travaille depuis deux ans, écouter l'ensemble du fragment) DONT ACTE : http://www.criticalsecret.com/n10/A%20HACKER%20MANIFESTO/index.php Intégral: UN MANIFESTE HACKER [v.5.8] Mc Kenzie Wark Première traduction française Olivier Surel pour www.criticalsecret.com, automne-hiver 2002 Un manifeste hacker 00. Nous vivons une époque qui voit l¹émergence d¹une instabilité globale. La prolifération des vecteurs de communication engendre une géographie virtuelle d¹évènements qui s¹opposent à l¹espace de rationalité et de transparence promis par les " cyber ". Cette géographie virtuelle constitue un espace d¹évenements, source de grand danger, mais aussi de grand espoir. Grand danger, en ce qu¹une nouvelle classe dominante, statuée sur le contrôle des vecteurs commerciaux et stratégiques d¹information, une classe vectorialiste, accède au pouvoir. Grand espoir, en ce qu¹un nouveau mouvement subversif surgisse aussi, non pas pour mettre ce nouvel ordre au défi, mais s¹en extraire. C¹est ce que j¹appelle la " classe des hackers " ‹ nommée ainsi d¹après ses éléments fondateurs dans l¹industrie du logiciel et des machines, mais qui comprend réellement tous les créateurs de " propriété intellectuelle " que la classe vectorialiste cherche à monopoliser ‹. Le défi, pour la classe des hackers, est de déstabiliser l¹unité de la propriété et de la représentation proposée par l¹ordre vectorialiste d¹information marchandisée. 01. Le monde est hanté par une entité duale, la dualité de l¹abstraction, qui a pour organes tributaires la fortune des états et des armées, des entreprises et des collectivités. Elle règne sur toutes les classes concurrentes, propriétaires et fermiers, travailleurs et capitalistes ‹ dont les fortunes respectives sont aujourd¹hui encore dépendantes ‹. Toutes les classes sauf une. La classe des hackers. 02. Quel que soit le code que nous hackons, sa forme, langage programmatique ou poétique, mathématique ou musical, courbes et couleurs, nous créons la possibilité de mettre au monde des formes nouvelles. Pas toujours de grandes choses, pas même de bonnes choses, mais de nouvelles choses. Arts, sciences, philosophie, culture : dans toute production de savoir dans laquelle des données peuvent être accumulées, d¹où l¹information peut être extraite, dans laquelle cette information produit de nouvelles possibilités pour le monde, il y a des hackers hackant la forme émergente de la forme ancienne. Nous sommes les créateurs de ces mondes, mais ne les possédons pas. Notre création est disponible aux autres, et dans leurs intérêts propres, ceux des états et corporations industrielles et financières qui contrôlent les moyens pratiques de la faisabilité de ces mondes et dont nous sommes les seuls pionniers. Nous ne possédons pas ce que nous produisons : cette même production nous possède. 03. Nous ne savons pas encore qui nous sommes. Nous reconnaissons notre existence distinctive comme groupes, programmeurs,artistes, écrivains, scientifiques, musiciens : au delà de la représentation négative de cette masse d¹éléments fragmentaires et épars d¹une classe qui lutterait encore pour s¹exprimer d¹elle-même pour elle-même, comme autant d¹expressions du procédé de production d¹abstraction dans le monde. Geeks et freaks deviennent ce qu¹ils sont à travers l¹exclusion par les autres, négativement. Les hackers sont une classe, mais une classe virtuelle, une classe qui doit se hacker elle-même pour son existence manifeste en tant que telle : une classe atopiste. L¹abstraction 04. L¹abstraction peut se présenter sous la forme objectale d¹une découverte ou d¹un produit matériel ou immatériel, mais elle est avant tout l¹affirmation et le produit de chaque hack. Abstraire c¹est construire un plan sur lequel des matières différentes et sans filiation apparente peuvent être mises en autant de relations possibles. C¹est à travers l¹abstrait que le virtuel est identifié, produit et mis en circulation. Le virtuel n¹est pas seulement le potentiel latent des matières, c¹est le potentiel du potentiel. Hacker c¹est produire ou appliquer l¹abstrait à l¹information et exprimer par-là l¹émergence de nouveaux mondes possibles. 05. Tandis que l¹abstraction de la propriété privée s¹etendait à l¹information, elle a fait naître la classe des hackers. Les hackers doivent vendre leur capacité d¹abstraction à une classe qui détient les moyens de production, la classe vectorialiste - la classe dominante émergente de notre temps. La classe vectorialiste nourrit une lutte intensive pour déposséder les hackers de leur propriété intellectuelle. Les licences et les copyrights finissent non pas entre les mains de leurs créateurs, mais entre celles de la classe vectorialiste qui détient les moyens de réalisation de la valeur de ces abstractions. La classe vectorialiste lutte pour monopoliser l¹abstraction. Les hackers se trouvent dépossédés à la fois à l¹échelle individuelle, mais aussi à l¹échelle de classe. Les hackers en viennent petit à petit à lutter contre les formes particulières dans lesquelles l¹abstraction est transformée en marchandise et par suite en propriété exclusive de la classe vectorialiste. Les hackers mènent une lutte collective contre les charges usuelles extorquées par les vectorialistes pour accéder aux informations que les hackers produisent collectivement, mais qui deviennent peu à peu la propriété collective des vectorialistes. Les hackers se constituent en classe pour la reconnaissance de leurs intérêts de classe trouvant leur meilleure expression dans la lutte pour libérer la production d¹abstraction, et pas seulement des entraves singulières de telle ou telle forme de propriété, mais pour abstraire la forme de la propriété elle-même. L¹abstraction de la propriété doit être abstraite d¹elle-même. 06. Ce qui rend notre époque singulière, c¹est l¹émergence de la possibilité d¹une vie quasiment libérée de toute nécessité, qu¹elle soit réelle ou fantasmée, par une explosion d¹innovations abstraites. L¹abstraction comprenant une fois pour toutes la potentialité de briser les chaînes maintenant le hacking a un niveau d¹intérêts de classe obsolète et régressif. La production 07. La production produit toute chose, et tous les producteurs de choses. La production ne produit pas seulement l¹objet du processus productif, mais aussi le producteur comme sujet. Le hacking est la production de la production. Le hack produit une production d¹un genre nouveau, de laquelle résulte un produit unique et singulier, et un producteur unique et singulier. Tout hacker est en même temps le producteur et le produit du hack, et émerge en sa singularité comme l¹engrane du hack en tant que processus. 08. Le hack produit un excédent aussi utile qu¹inutile, quoique l¹utilité d¹un excédent soit déterminée par sa condition historique et sociale. L¹excédent utile émerge donc comme élément expanseur du royaume de la liberté, affranchi de la nécessité. L¹excédent inutile est l¹excédent de liberté lui-même, la marge de production libre exempte de la production pour la nécessité. 09. La production d¹un excédent crée la possibilité d¹une expansion de la liberté par la nécessité. Mais dans la société de classes, la production d¹un excédent crée aussi de nouvelles nécessités. Le rapport dominant de classe prend une forme captatrice du potentiel productif de la société et de son attèlement à la production, non de liberté, mais bel et bien de domination de classe. La classe dominante subordonne le hack à l¹entretien de formes de production qui maintiennent le pouvoir de classe, et à la suppression ou à la marginalisation d¹autres formes de hacking. Les classes productrices ‹ fermiers, travailleurs et hackers ‹ ont un intérêt commun : Libérer la production de la subordination par les classes dominantes, qui transforment la production en production de nouvelles nécessités, et de l¹esclavage par l¹excèdent. Les éléments d¹une productivité libre existent déjà dans une forme atomisée, dans les classes productives. Reste encore à le libérer de sa virtualité. La classe 10. La lutte des classes, dans ses revirements et compromis retourne toujours à la même question sans réponse - celle de la propriété - et les classes concurrentes reviennent sans cesse avec de nouvelles réponses. La classe des travailleurs a questionné la nécessité de propriété privée, et le parti communiste survenant, prétendait répondre aux désirs de la classe ouvrière. La réponse, exprimée dans le Manifeste du parti Communiste était de " centraliser tous les instruments de production entre les mains de l¹Etat. " Mais faire de l¹état le monopole de la propriété a seulement produit une nouvelle classe dominante, et une forme nouvelle de lutte des classes, plus brutale. Mais peut-être cette réponse ne fut-elle pas définitive, la lutte des classes n¹a pas encore pris terme. Une nouvelle classe peut d¹une autre manière, poser la question de la propriété ‹ et en maintenant la question actuelle, mettre au défi les classes dominantes sur les fins de l¹histoire ‹. 11. L¹information, comme le sol ou le capital, devient une forme de propriété monopolisée par une classe dominante, dans ce cas précis, une classe de vectorialistes, nommés ainsi parce qu¹ils contrôlent les vecteurs par lesquels l¹information est abstraite, tout comme les capitalistes contrôlent les moyens matériels par lesquels les biens sont produits, les pastoralistes le sol et la production de nourriture. L¹information a circulé à travers la culture de la classe des travailleurs comme propriété sociale appartenant à tous. Mais quand l¹information tend à devenir une forme de propriété privée, les travailleurs s¹en trouvent dépossédés, et doivent acheter leur culture propre chez ceux qui la détiennent, la classe vectorialiste. Le temps dans sa totalité, le temps lui-même, devient une expérience marchande. 12. Les vectorialistes tentent de briser le monopole du capital sur le processus de production, et subordonnent la production des marchandises à la circulation de l¹information. Les grandes sociétés se privent de leur capacité productive, celle-ci n¹étant plus une source de puissance. Leur puissance se situe alors dans la monopolisation de la propriété intellectuelle ‹ brevets et marques ‹ et les moyens de reproduire leur valeur ‹ les vecteurs de communication ‹. La privatisation de l¹information devient plus qu¹un aspect subsidiaire, l¹aspect dominant de la vie marchande. Alors que la propriété du sol et sa rente foncière se transforment en capital, et du capital à l¹information, la propriété elle-même en devient plus abstraite. Tout comme le capital comme propriété libère le sol de sa fixité spatiale, l¹information comme propriété libère le capital de sa fixité objectale. 13. La classe des hackers, productrice de nouvelles abstractions, prend une importance grandissante aux regards successifs de chaque classe dominante, chacune dépendant de plus en plus de l¹information comme ressource. La classe des hackers émerge de la transformation de l¹information en propriété, sous forme de propriété intellectuelle, comprenant les licences, marques déposées, copyrights et droits moraux des auteurs. La classe des hackers est la classe qui détient la capacité de créer non seulement un nouveau type d¹objets et de sujets dans le monde, non seulement de nouvelles formes-types de propriétés dans lesquelles ils pourraient trouver reflet, mais de nouveaux types de relations au-delà de la forme-propriété. La formation de la classe des hackers comme classe survient à ce moment précis où émerge la possibilité de s¹affranchir des nécessités et du rapport dominant de classe. La propriété 14. La propriété se présente sous la forme d¹un plan abstrait sur lequel toutes choses peuvent exister sous la même qualité commune, celle de la propriété. Le sol est la forme première de la propriété. Les pastoralistes acquièrent le sol comme propriété privée à travers la dépossession forcée des paysans qui en partageaient une portion sous la forme d¹une possession collective. Le capital est la seconde forme de la propriété, la privatisation de biens productifs sous la forme d¹outils, de machines et de matériaux de travail. Le capital, au contraire du sol, n¹est pas un objet fixe ni supplet à une subsistance. Il peut être modelé et remodelé, transporté, accumulé et dispersé. Un degrés infiniment supérieur de potentialité peut être extrait du monde comme ressource productive, dès que le plan abstrait de la propriété tient à la fois du sol et du capital. Mais l¹abstraction de la production de marchandises ne prend pas terme avec le capitalisme. La transformation de l¹information en une forme bien plus abstraite de la propriété, y compris de son expression matérielle, mène la marchandisation dans une troisième phase de développement, jusqu¹ici non théoriquement prise en charge. 15. Les hackers doivent évaluer leurs intérêts non pas comme propriétaires, mais comme producteurs, ce qui les distingue précisément de la classe vectorialiste. Les hackers ne tirent pas profit ni possession du simple fait de détenir de l¹information. Ils produisent une information nouvelle, les producteurs éprouvant le besoin d¹y accéder, au delà de la domination absolue de la forme-marchandise. Le hacking comme activité expérimentale pure, et libre, doit se libérer de toute contrainte sauf auto-imposée. C¹est seulement par sa liberté autonome qu¹il produit les moyens de production d¹un excèdent de liberté, et de liberté comme excèdent. 16. La propriété privée survient en opposition non seulement à la propriété féodale, mais aussi aux formes traditionnelles de l¹économie symbolique, qui étaient une entrave à la productivité croissante de l¹économie des marchande. Qualitative, l¹économie symbolique a été supplantée par un échange quantifié, monétarisé. L¹argent est le médium par lequel le sol, le capital, l¹information et le travail se confrontent sous forme d¹entités abstraites, réduites à un plan de quantification abstrait. L¹objet de l¹économie symbolique devient alors une forme marginale de la propriété, envahie de toute part par la marchandise, reléguée au rang de la consommation. L¹économie symbolique est marginal, mais joue néanmoins un rôle vital dans la concrétisation des relations réciproques de gens qui ne sont confrontés les uns aux autres qu¹en tant qu¹acheteurs ou vendeurs de marchandises. Néanmoins, partout où le vecteur passe, il porte avec lui la possibilité pratique de la relation symbolique. 17. La classe des hackers a une affinité profonde avec l¹économie symbolique. Le hacker lutte pour produire une subjectivité singulière et qualitative, par l¹acte du hack lui-même. L¹économie symbolique, comme échange qualitatif entre des parties singulières permet à chaque partie d¹être reconnue comme productrice singulière, comme sujet de production, plutôt que comme objet quantifié ou marchand. L¹économie symbolique exprime d¹une manière sociale et collective la subjectivité de la production de production, considérant que la propriété marchande représente le producteur comme objet uniquement de valeur relative, à l¹instar de toute autre marchandise quantifiable. L¹économie symbolique de l¹information ne doit pas influer négativement sur la propriété informationnelle, l¹information ne devant pas souffrir des artifices de la pénurie une fois libérée du processus de marchandisation. 18. La classe vectorialiste a inconsciemment contribué au développement d¹un espace vectorial au sein duquel le don comme propriété aurait pu ressurgir, mais elle a très vite reconnu son erreur. L¹économie vectoriale se développant, elle tend de moins en moins à prendre la forme d¹un espace social ouvert d¹économie symbolique libre, de plus en plus celle d¹un espace de production marchandisée destiné aux marchés privés. La classe vectorialiste peut à contre-coeur concéder une certaine marge d'information socialisée, comme prix à psyer au sein d¹une démocratie pour la promotion de ses intérêts spécifiques. Mais la classe vectorialiste distingue clairement l¹enjeu representé par l¹économie symbolique, non seulement à ses profits mais à son existence-même. L¹économie symbolique est la preuve virtuelle de la nature parasitaire et superflue des vectorialistes comme classe. Le Vecteur 19. En épidémiologie, un vecteur est le moyen particulier par lequel un agent pathogène donné se déplace d¹une population à une autre. L¹eau est vectrice du choléra ; les fluides corporels, du VIH. Par extension, le vecteur incarne tout moyen par lequel l¹information transite. Le télégraphe, le téléphone, la télévision, les télécommunications : ces termes ne définissent pas seulement des vecteurs particuliers, mais une capacité générale abstraite qu¹ils portent au monde et à son expansion. Tous représentes des formes télésthésiques, ou de perception à distance. Un vecteur médiatique donné possède certaines propriétés déterminées de vitesse, de bande passante, d¹échelle et de trajectoire, mais il peut être déployé n¹importe où, du moins en principe. Le développement inégal du vecteur est politique et économique, non technique. 20. Avec la marchandisation de l¹information vient sa vectorialisation. Extraire un excèdent d¹information demande une technologie capable de transporter l¹information à travers l¹espace, mais aussi à travers le temps. L¹archive est un vecteur qui traverse le temps tout comme la communication est un vecteur qui traverse l¹espace. La classe vectoriale devient elle-même une fois qu¹elle détient des technologies puissantes pour vectorialiser l¹information. La classe vectoriale peut marchandiser les stocks d¹information, les flux ou les vecteurs eux-mêmes. Un stock d¹information est une archive, un corps d¹information maintenu à travers le temps qui a une valeur persistante. Un flux informationnel détient la capacité d¹extraire l¹information de la valeur provisoire des évènements et de la distribuer largement et rapidement. Le vecteur est le moyen d¹effectuer à la fois la distribution temporelle d¹un stock et la distribution spatiale d¹un flux d¹information. Le pouvoir vectorial combine généralement la détention de ces trois aspects. 21. La classe vectoriale lutte de toute part pour maintenir son pouvoir subjectif sur le vecteur, mais bien que réalisant du profit par sa prolifération, certaines de ses capacités lui échappent toujours. Afin de faire du profit par l¹information, ils " vendent à la sauvette " par le vecteur, et à un certain niveau, ils doivent s¹adresser à la grande majorité des classes productrices plutôt comme sujets que comme objets de la marchandisation. La classe des hackers cherche la libération du vecteur de l¹emprise du règne de la marchandise, mais pas pour l¹instituer ndistinctement libre. Il cherche à le rendre sujet d¹un developpement collectif et démocratique. La classe des hackers peut libérer en principe seulement le vecteur de la virtualité. Tout dépendera d¹une alliance de toutes les classes productives afin de réaliser ce potentiel, d¹une organisation subjective et de l¹utilisation des vecteurs disponibles pour un devenir-ensemble subjectif. Le Hacking 22. Le virtuel est le véritable domaine du hacker. C¹est à partir du virtuel que le hacker produit de nouvelles expressions de l¹actuel. Pour le hacker, ce qui est représenté comme étant réel est toujours partiel, limité, et peut-être même faux. Pour le hacker, il y a toujours dans l¹actuel l¹expression d¹un excèdent de possible, l¹excèdent du virtuel. C¹est le domaine incompressible de ce qui est réel sans être actuel, ce qui n¹est pas mais qui pourrait être. Hacker, c¹est libérer le virtuel dans l¹actuel, pour exprimer la différence du réel. 23. A travers l¹application de l¹abstraction, la classe des hackers produit la possibilité de la production, la possibilité de faire quelquechose du et avec le monde ‹ et de vivre de l¹excèdent produit par l¹application de l¹abstraction à la nature ‹ de toute nature. A travers la production de nouvelles formes d¹abstraction, la classe des hackers produit la possibilité du futur ‹ pas seulement " le futur ", mais un éventail infini de futurs possibles ‹, le futur lui-même comme virtualité. 24. Soumis à la sanction de la loi, le hack devient une propriété finie, et la classe des hackers émerge, comme toutes les classes émergent, de la relation à une forme de propriété. Comme toutes les formes de propriété, la propriété intellectuelle impose une relation de pénurie. Elle assigne un droit de propriété à un propriétaire, aux dépens de non-propriétaires, à une classe de possesseurs aux dépens des spoliés. 25. De l¹extension qu¹incarne le hack lui-même dans la forme de la propriété, il confère au hacker des intérêts de classe très différents des autres classes, qu¹elles soient exploitantes ou exploitées. L¹intérêt de classe des hackers se situe premièrement et principalement dans la libre circulation de l¹information, ceci étant la condition nécessaire pour renouveler le statut de hack comme propriété, comme quelque chose duquel une source de revenus pourrait dériver, donnant quelque indépendance au hacker par rapport aux classes dominantes. 26. La nature véritable du hack produit chez le hacker une crise d¹identité. Le hacker cherche une représentation de sa condition dans l¹identification à d¹autres classes. Certains se voient en vectorialistes, vivant sur l¹exploitation de leur propriété précaire. Certains se voient comme travailleurs, mais privilégiés par rapport aux individus salariés. La classe des hackers s¹est produite elle-même comme elle-même, mais pas pour elle-même. Elle ne possède pas (encore) la conscience de sa conscience. Elle n¹est pas au fait de sa propre virtualité. Elle doit trancher entre ses intérêts compétitifs dans le hack, et son intérêt collectif vers une relation inter-hackers qui exprimerait un futur ouvert et progressiste. Un futur auquel l¹utopie de l¹information libre et gratuite désignerait sa négation par sa forme-propriété. La révolte 27. Les révoltes de 1989 sont les évènements " signaux " de notre temps. Ce que les révoltes de 1989 ont accompli, c¹est le renversement d¹un régime si défavorable à la reconnaissance de la valeur du hack, qu¹il a privé ses hackers, travailleurs et paysans de l¹accession aux surplus. Avec son cryonisme et sa kleptocracie, sa bureaucratie, son idéologie, sa police et ses espions, il a privé ses paysans et ses capitalistes des fruits de la croissance innovatrice. 28. Les révoltes de 1989 ont renversé l¹ennui et la nécessité. Au moins pour un temps. Elles ont réhabilité la demande illimitée pour un état de liberté au sein des priorités historiques mondiales. Au moins pour un temps. Elles ont révélé le destin latent de l¹histoire du monde afin d¹exprimer la virtualité pure du devenir. Au moins pour un temps, avant que les nouveaux états s¹unifient et déclarent légitime leur représentation des désirs de la révolte. Les révoltes de 1989 ont ouvert la porte au virtuel, mais les Etats qui s¹y sont regroupés, la refermèrent très vite. Le véritable fruit des ces révoltes est peut-être la certitude d¹un monde ouvert au pouvoir vectorial. 29. Le mouvement protestataire anti-mondialisation des années 90 tient son origine dans l¹apparition de ces évènements signaux, mais une vague qui ignorait tout de son appartenance initiale. Ce mouvement de révolte dans le monde surdéveloppé identifie le pouvoir vectorial montant comme un ennemi de classe, mais bien trop souvent il s¹est rendu captif des intérêts partiels et provisoires des classes capitalistes et agricoles locales. Une révolte qui dans sa primeur doit encore découvrir les liens entre sa machine de désir sans limites d¹un état de liberté, et l¹art de formuler des demandes tactiques. 30. La lutte des classes au sein des nations et celle des empires entre eux, a pris le profil de deux types de politiques distincts. L¹une régressive, cherchant le retour à un passé imaginaire, à utiliser les frontières nationales comme nouveau mur, écran derrière lequel de probables alliances pourraient protéger leurs intérêts existants au nom d¹un passé glorieux. Le deuxième type est la politique progressiste du mouvement. La politique du mouvement cherche l¹accélération vers un futur inconnu, l¹utilisation des flux internationaux, le commerce ou l¹activisme comme moyens de lutter pour de nouvelles sources de richesse et de liberté qui outrepasseraient les limitations imposées par les coalitions nationales. 31. Aucune de ces politiques ne répond aux vieilles normes de gauche ou de droite, que les révolutions de 1989 ont définitivement dissoutes. La politique régressive rassemble des impulsions ludistes de la gauche et celles racistes et réactionnaires de la droite dans une alliance contre-nature, contre les nouvelles sources de pouvoir. La politique progressiste se constitue rarement en alliance, mais constitue deux procédés parallèles enclos dans un dialogue de suspicion mutuelle, dans lequel les forces libérales de la droite et la justice sociale, les forces des droits de l¹homme de la gauche cherchent ensemble des solutions non-nationales et transnationales pour débloquer un système de pouvoir qui ne cesse de croître au niveau national. 32. Il y a un troisième type de politique, qui se tient hors des alliances et des compromis du monde d¹après 89. Quand les politiques progressistes et régressives deviennent des politiques représentatives, qui traitent avec des alliances de partis et d¹intérêts, cette politique du troisième type est une politique sans Etat, qui cherche une issue à la politique en tant que telle. Une politique du hack, inventant des relations hors de la représentation. 33. La politique de l¹information est une lutte contre la propriété marchande elle-même. Elle n¹est pas une lutte pour la collectivisation de la propriété, ceci étant toujours une forme de propriété. C¹est la lutte pour libérer ce qui peut-être libéré des deux principales formes de marchandise ‹ sa forme totalisante du marché, et sa forme au stade bureaucratique ‹. Ce qui pourrait être libéré de la forme-marchandise d¹un seul coup, ce n¹est ni le capital ni le sol, mais l¹information. Toutes les autres formes de propriété sont exclusives. La possession individuelle exclut, par définition, cette même possession par un autre. Mais l¹information comme propriété peut-être partagée sans privation sauf état de crise. L¹information est précisément ce qui échappe à la forme-marchandise. 34. La politique peut devenir informative seulement dans le cas où elle pratique la libération de la virtualité de l¹information. En libérant l¹information de son statut objectal en tant que marchandise, on libère aussi la force subjective de cet état. Sujet et objet se rencontrent en dehors de leur simple manque réciproque, par leur simple désir l¹un pour l¹autre. La politique de l¹information ne cherche pas à renverser la société existante, ou à réformer ses grandes structures, ou même à préserver sa structure pour maintenir une coalition d¹intérêts. Elle cherche à rendre les états existants perméables à un nouvel état d¹existence, semant le grain d¹une pratique alternative de la vie quotidienne. 35. La production des marchandises éprouve une phase transitionnelle, de la domination du capital comme propriété vers la domination de l¹information comme propriété. La théorie radicale et réformiste de cette transition au-delà de la production de marchandises n¹a pas encore effectué cette même transition. Ce corps théorique a éprouvé deux phases, qui correspondent respectivement à deux types d¹erreurs. Dans la première phase, où le mouvement prolétarien détenait encore le moyen théorique, on assista à une sacralisation de l¹infrastructure, ou d¹une économie de la formation sociale. Dans la seconde phase, la théorie devint l¹outil du radicalisme universitaire, sacralisant ici les superstructures culturelles et idéologiques. La théorie du premier type relègue ici la superstructure au rang de simple miroir de l¹économie; tandis que la seconde lui allègue une autonomie relative. Aucune des deux ne saisit les changements fondamentaux qui s¹opèrent dans la production de marchandises, rendant obsolète la compréhension de la formation sociale et des nouveaux types de luttes des classes aujourd¹hui émergentes, sous l¹égide dominante de l¹information comprise comme propriété. Entre économie culture, la propriété est un concept qui occupe une place mineure Notre tâche est aujourd¹hui de saisir le développement historique de la production de marchandises du point de vue de la propriété, plate-forme indécidable sur laquelle infrastructure, superstructure et la lutte des classes prennent pied. English/US version [v.5.8] (same page under construction in the LoGz) Reproduction : Prévenir l'auteur / ask to: © McKENZIE WARK <mw35@nyu.edu> Dept of English, SUNY, Albany. Mentionner le traducteur/ Please, mention the Translator: Olivier Surel <surel@criticalsecret.com> ________________________________________________ "A HACKER MANIFESTO" English/US version [v.5.2] http://subsol.c3.hu/subsol_2/contributors0/warktext.html _________________________________________________ Persiste et signe: Les urbanités intempestives : le politique comme évènement / Urbanity inopportune: politics as an evenemential Abstracts: Les hommes ne font pas l'histoire ni ne la construisent comme le pensent Hegel et Marx. C'est pour cela, dit Hannah Arendt, qu'ils peuvent agir. Le paradoxe pour qui veut penser est celui-ci : seuls ceux qui sortent du cours de l'histoire, ouvrent au devenir : l'événement. Il devient de ce fait mémorable c'est à dire en définitive, historique. L'événement et l'accident, envers et revers d'une même médaille, condition de possibilité de l'action, voilà ce qu'il importe de penser. Men don't make History, neither they construct it like Hegel and Marx think it. It is for that reason, Hannah Arendt says, that they can act. The paradox for the one who wants to think is this one: Only those who get out of the course of history, open to the becoming: the event. It thus becomes memorable but at least, historical. Event and accident, twins elements, condition of possibility of action, this is what is important to think. Jean-Paul Dollé http://www.criticalsecret.com/n10/JEAN%20PAUL%20DOLLE/ _____________________________ Ce n'est qu'une vision très partielle du symposium; car chaque intervenant a engagé sa propre réflexion ou manifestation des renouvellements paradigmatiques afférents à sa propre singularité disciplinaire dans le cadre de la thématique proposée: (bis) Apercevoir http://www.criticalsecret.com/n10/ _____________________________ BONNE ANNÉE 2003 ! Louise D. pour Aliette G-C. et le staff de criticalsecret. _____________________________ Remerciements aux partenaires symboliques des origines http://www.artlibre.org, http://www.praktica.net comme aux partenaires des engagements http://www.provisoire.com & http://www.provisoire.net avec mention spéciale pour <http://www.airfrance.fr> <http://www.laios.msh-paris.fr>, <http://www.mep-fr.org>... Sans lesquels ce symposium dépourvu de financements sur le champ n'aurait pu trouver sa ressource existentielle. Spéciale citation MEP: Bertrand Priour et Odette Laurent. ____________________________ < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : nettime-fr-owner@samizdat.net