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Un espace de coopération productive des médias alternatifs


À l'occasion du prochain G8 à Évian (France), et du second Forum social
européen de Saint-Denis (France), nous croyons nécessaire et possible de
formaliser des niveaux et des formes de coopération entre les médias
alternatifs au niveau européen.

        * * *

Si la diversité est une des richesses de la communication alternative face à
la monotonie des médias dominants, il est aussi évident que nous manquons
actuellement cruellement de visibilité et de lisibilité collective : la
dispersion légitime des processus de production de l'information
alternative, et la multiplication tout aussi légitime des canaux de
diffusion (en particulier sur le Web), produisent dans le même temps un
effet de brouillage en l'absence d'un minimum de mise en commun de
ressources et de capacité d'action.

De fait, chacun produit pour son propre support (radio, web, vidéo, etc.),
pour des circuits somme toute limités à des aires géographiques,
linguistiques et/ou subjectives déterminées, et avec ­ finalement ­ peu de
capacités ou de volonté de transversalité. Quel sens cela a-t-il de faire
une vidéo sur la manifestation No Border de Strasbourg et de ne la diffuser
que sur Indymedia Melbourne parce que... l'on est un vidéo-activiste
australien ? Quel sens cela a-t-il de faire des émissions en français à
l'occasion du FSE de Florence, mais de ne les diffuser qu'en Italie parce...
qu'on est une radio italienne ?

Nous pouvons raisonnablement considérer qu'il y a là une véritable
déperdition d'énergie... et une faiblesse politique collective des médias
alternatifs dans leur ensemble.

Pourtant chacun d'entre nous est porteur d'expériences riches et
diversifiées, chacun d'entre nous a accumulé un capital de savoirs et de
moyens, chacun d'entre nous a plus ou moins innové dans les formes et les
contenus d'une « autre » information, non soumise aux règles de la
rentabilité commerciale et des jeux de pouvoir. C'est cette intelligence
collective dont nous détenons chacun une part infime qui doit être mise en
production.

Ce que nous proposons, à l'occasion du G8 et du FSE, c'est d'expérimenter de
premières formes de coopération productive entre médias alternatifs ; de
premières formes de mise en place d'un réseau de production collectif
transnational, dans le respect des différences politiques et subjectives et
de l'autonomie de chaque initiative. Il s'agira avant tout de se donner les
moyens techniques et politiques communs de créer de la transversalité pour
que les médias alternatifs parlent ensemble de mille voix convergentes, en
d'autres termes pour produire une expression polyphonique des mouvements.

Nous avons pour l'heure commencé à travailler sur plusieurs pistes :

1) La création sur le web d'un point d'accès collectif entre des médias
alternatifs, qui permettrait de donner de la visibilité aux diverses
productions en général dispersées en divers points du réseau. Quelque chose
qui soit bien plus qu'un simple « portail », mais bien un canal commun de
diffusion multilingue et multimédia de l'information via un système de
publication mutualisé.

2) La mise en place d'une banque de données « temps réel » d'informations :
un répertoire où pourront être mis à disposition au fur et à mesure des
productions de sons, d'images, de vidéos, de textes, librement diffusable
(sous licence de type copyleft). Il s'agit très clairement de permettre à
tous ceux et celles qui produisent de l'information (reportages, récis,
témoignages) d'accéder à des possibilités de diffusion bien au-delà de la
simple publication sur tel site web, ou sur telle radio libre.

3) La participation à un Forum des médias alternatifs, qui se tiendrait en
parallèle du FSE de Saint-Denis, et qui serait l'occasion avant toute chose
d'initier un processus d'échange de savoirs et de compétences, et
permettrait aussi de stabiliser des niveaux de coopération transnationale
entre des radios, des TV, des sites web, etc.

Ces dispositifs de coopération productive entre médias alternatifs, doivent
par ailleurs s'accompagner d'un travail sur les outils libres de production
de l'information. En particulier : les outils de streaming audio ou de
publication sur le web, ou encore la production de fichiers utilisant des
standards ouverts (ce qui exclut par exemple les .doc ou les .wmv).

Nous pourrions aussi envisager d'ouvrir des champs d'expérimentation de «
nouveaux » dispositifs de communication autour de l'utilisation du logiciel
libre. En ce qui nous concerne nous pensons en particulier à :

- un système souple de publication sur le Web par exemple par une «
passerelle » entre courrier électronique et base de donnée, rendant la
publication d'information possible dans des conditions où l'accès aux moyens
de communication électronique s'avère parfois difficile ;

- un système de base de données « communicantes », permettant de créer des
centres de ressources décentralisés, réparti sur plusieurs serveurs, et sur
plusieurs territoires ;

- la création de structures mobiles et légères de communication électronique
autour de l'utilisation de connexions wireless (WiFi).

Nous savons que d'autres collectifs travaillent sur d'autres projet, comme
celui de la diffusion audio/vidéo par satellite, ou celui d'unités mobiles
de diffusion

Tout cela s'inscrit dans une liste non exhaustive de possibles, pour
suggérer que la coopération entre les médias alternatifs doit aussi tendre à
produire des outils (et des agencements d'outils) libres, adaptés à nos
besoins spécifiques et à nos désirs de communication. A chacun d'entre nous
d'apporter sa contribution en propositions, en disponibilité, en lignes de
codes, etc.

        * * *

Au cours des journées de Gênes l'expérience de Radio GAP (au niveau
italien), par exemple, nous semble avoir démontré l'intérêt d'un minimum de
travail commun et de partage des ressources. C'est ce type d'expérience que
nous souhaiterions expérimenter ponctuellement sur l'ensemble des champs
d'intervention et de production de l'information et de la communication
alternatives en Europe. Parce que, face au silence assourdissant des médias
dominants, les mille et un murmures des médias alternatifs doivent faire
entendre le chant de l'information libre.

Paris le 1er février 2003
samizdat.net

Pour travailler collectivement sur ces questions, et beaucoup d'autres
encore, nous vous invitons donc à nous rejoindre sur le mailing list
(multilingue) mediactivism_l. Contact : samizdat@samizdat.net

Par ailleurs nous lancerons prochainement le site mediactivisme.net pour
faire avancer ce projet comme proposition publique dans les mouvements.


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