babybrul on Tue, 22 Jul 2003 11:03:21 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] INTERMITTENT(E)S ET IDENTITE FRANCAISE, de retour de Châlon |
Ce texte a été écris le dimanche 20 juillet après le festival CHALON-DANS-LA-RUE où nous nous étions rendus pour suivre de plus près le mouvement gréviste des intermittents. Dans la nuit du vendredi 18 juillet, pendant que les artistes à Chalon pleurnichaient sur leur acquis sociaux et que beaucoup discutaient même du bien fondé de la grêve, préférant « jouer en lutte » et continuer le festival, des milliers de teuffeuses et teuffeurs se faisaient attaquer à Carhaix par les forces armées françaises dans un massacre ordonné par les autorités en Bretagne. Ces deux évènements ont pour nous un rapport très étroits. Des deux cotés ont eu lieu des manifestations dites « culturelles ». L’une contre les projets actuels de réforme, avec pour mot d’ordre unitaire le respect des autorités et des fondements de la société (propriété privé, commerce, légalité…), et l’autre, une manifestation non autorisée réprimée dans le sang. Nous sommes solidaires avec toutes celles et tous ceux qui ont vécus là-bas les affrontements inévitables avec la police et l’armée. Cette solidarité s’exprime par notre soutient de principe à toutes celles et tous ceux qui ont été blessées là bas, à celles et ceux qui ont passé plusieurs heures dans la peur, ainsi qu’ à celles et ceux qui ont été arrêtées et qui risquent des procédures devant la justice et des condamnations. Nous voulons dire encore que la Loi a ces conséquences inévitables, et que nous pensons qu’il est urgent pour nous de nous séparer de la France, de ses autorités, de ses institutions, de sa culture, qui n’existent que pour cacher la réalité de la violence et de l’oppression étatique, économique, policière, militaire, culturelle, sexiste, spéciste… La paix sociale est une guerre civile. ////////////////// LES INTERMITTENTS DU SPECTACLE ET LA PRESERVATION DE L'IDENTITE (CULTURELLE) FRANCAISE de retour de CHALON-DANS-LA-RUE Les intermittents du spectacle et de nombreux autres artistes sont actuellement "acteurs" de ce qu'ils qualifient eux-mêmes de lutte sociale. Les enjeux sont la préservation du système d'indemnisation financier et du statut d’intermittent menacés par les réformes du gouvernement. Et c’est plus largement la résistance à un formatage culturel qui menace les petites productions artistiques atypiques hors des gros circuits de production/distribution/représentation. Les artistes en général disent qu'ils ne sont pas contents, qu'ils sont même enragés, et menacent d'être radicaux. Mais ce que nous avons vu jusqu'à présent en terme d'actions et de discours ne porte pas de réel espoir de changement. Certains l'avouent honnêtement: "nous ne sommes pas un groupe révolutionnaire". D'autres se bercent encore du romantisme contestataire qu'ils veulent artistique. Dans le discours que nous avons entendu et entendons toujours au sein de cette résistance, Il n'y a que des perspectives de survie, dans le maintient de valeurs d'une indentité commune à opposer aux "formatages du marché". Les artistes se raccrochent à ce qu'ils ont déjà connu sous l'ombre de ce qui est déjà construit, ne pouvant rien proposer qui aille au delà du spectacle, c'est à dire au dela du divertissement maintenant la paix sociale. Et c'est dans cette horreur réformiste que les soi-disant contestataires n'ont pas honte de clamer haut et fort, comme à Châlon-dans-la Rue, où nous étions, sur les panneaux d'information: "nous luttons pour la préservation de la richesse et de l'exception culturelle de notre pays!" Dès lors l'ennemi n'étant pas une autre identité nationale mais ce qui veut renverser les valeurs et la légitimité d'une identité nationale, donc sa culture, nous ne pouvions qu'être vraiment tristes de toute cette énergie déployée pour appuyer encore et toujours un discours omniprésent écrasant toute position déviante. A Châlon-dans-la rue nous pensions peut-être participer à des mouvements collectifs spontanés se donnant des opportunités moins limitées de réappropriation des espaces et des forces physiques dans l' action. Mais nous avons encore constaté là que toutes les expériences sont limitées par la stratégie absolument non-violente et non-offensive, et que l'histoire des expériences offensives des luttes sociales radicales depuis la fin du 19e siècle est belle et bien occultée par l'histoire de l' "identité culturelle citoyenne", qui renie toute forme de violence collective organisée contre le pouvoir (de la simple transgression de la loi ordinaire à l'autogestion matérielle concrète et la destruction des symboles de l'oppression.) Nous qui sommes contre les Etats, les autorités et leur reconnaissance dans l'organisation de nos activités nous ne pouvions qu'être traités de "menace sectaire" (c'est à la mode) par tous ces artistes pacifistes. On nous accuse de refuser le dialogue en ne voulant pas écouter encore une fois le discours ambiant, comme si notre point de vue n'était pas déjà toujours écrasé, déformé et sali par tous les moyens "légitimes" de dialogue (les médias officiels, les manifestations encadrées, l'action citoyenne...) On nous a traités d'adolescent en crise, d'enfants, de flics provocateurs, on nous a menacés de coups de boules et autres violences physiques (si ça partait c'était l'émeute), tout ça parce que nous voulions simplement apporter un autre discours, largement minoritaire, en remettant directement en question le respect de l'autorité et de l'ordre établi, forts des expériences que nous développons ici et là, dans nos lieux de vie autogérés et autres squats. Tant que les moyens de lutte restent artistiques, c’est à dire séparant l’action d’un impact direct sur l’organisation du réel, il n’y pas d’espoir de sortir du quotidien. Pour nous qui entretenons des pratiques effectives de subversion du quotidien, en refusant de travailler, en refusant la propriété privée, en matérialisant l’autogestion collective des lieux de vie squattés que nous traversons, pour nous la lutte des artistes ne représentent pas d’espoirs concrêts, sinon celui de la grêve généralisée et de la paralysie de toutes les structures françaises, créant des opportunités d’initiatives nouvelles d’ autogestion. (babybrul avec un petit groupe qui a -entre autres- tenu une table de presse au Festival de CHALON-DANS-LA-RUE pas annulé)
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