Louise Desrenards on Sun, 5 Oct 2003 13:36:06 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] Bulletin critique du jour ‹ A un ami |
Pardon, entre deux voyages, un commentaire élargi en mini-essai sur la magnifique tautologie revenant à plusieurs reprises et sous différentes occurrences des infos des listes durant le mois de septembre, foin de Nuit Blanche ‹ sans la maudire : « CRÉÉR [OU RE-CRÉÉR| DU SENS À L'ÈRE NUMÉRIQUE » Exergue : Donc voici une autre balise, aux contours plus diffus avant le plein automne ; nombre de feuilles sont encore vertes ‹ ne pas confondre canicule qui passa et sécheresse qui n'existe pas or davantage ici nulle feuille, le papier n'étant de mise sinon simulé dans le www nous oblige ‹ allons-y : on ne pourrait redonner du sens sinon à travers un pacte symbolique de civilisation qui se livrerait révélé de lui-même à la collectivité ; la révélation n'appartient pas à Dieu car l'événement s'en étant évadé, persiste à demeurer libre à la périphérie divine ; l'événement s'identifie par l'individu comme par la masse des individus qu'il concerne, ou n'existe pas. Le sens ne peut faire l'économie du statut symbolique de la mort ni de la question de la mort : celui permettant de statuer sur le sens de la vie en société comme de la vie biologique, de même que sur la représentation matérialiste équivalente du corps social et sur la pensée. Sans statut symbolique de la mort pas de pacte de vie ; sans pacte de vie, pas de sens, pas de pensée. Parce que le sens est un concept exclusivement lié au statut anthropologique et ethnologique ‹ disons plus simplement lié à la communauté humaine ‹ du moins peut-on le penser. Un exemple pragmatique : Quid des morts de l'été ? Ne parlons pas des morts caniculaires, morts fictifs à l'horizon de leurs corps matériels réellement disparus en très grand nombre, mais des morts par pollution et maltraitance opérés par les excès de la technique et de sa gestion économique, ceux disparus aussi en grand nombre dans les services d'urgence plus que chez eux ‹ et d'ailleurs, ce sont les mêmes... La mise à disposition du progrès et du bonheur des peuples ne pouvant poursuivre d'offrir son luxe idéologique ni son confort matériel, une fois les systèmes politiques modernes dépassés : qu'advenons-nous comme sens ? Ainsi les codes sociaux de la médecine du secours et hospitalière soudain révélés monstrueux par la canicule 2003, strictement en France (si le nuage radioactif trans-frontières en d'autres temps ne franchit pas la frontière française de l'information citoyenne, ici nous sommes dans le cadre à peine inverse contre l'apparence, c'est que chacun de nous aurait pu apprécier le mensonge sur un mal dont on n'a pu cacher qu'il ne fut pas trans-frontières) ce n'est pas si fréquent, donc réfléchissons... Concrètement, aux yeux publics, cela remonterait au symptôme de l'économie du SAMU hospitalier déplacée vers le SAMU pompier, pour ne donner qu'une date butoir sans la clé de la bioéthique, dont ces détails ne constituent qu'un fragment du code "symbolique" de la valeur disparue qu'elle manifeste, déstructuration qui s'est élaborée non d'un coup de réforme mais progressivement sur une moyenne durée. Sauf ordre ou crime secret, même Lady Diana mourut peut-être de ce mal français (l'Angleterre connaissait déjà des problèmes médicaux liés à l'organisation des soins, quand d'aucun citoyen de base pensait encore à tort que la France restait peut-être exemplaire parce qu'elle était différente) déjà, un médecin qui suivait en voiture par hasard se trouva donc sur place et lui parla avant de s'en aller et elle lui répondit très clairement, mis par la loi hors d'état de pouvoir la secourir et quand il croyait que les secours légaux arrivaient, meilleurs que lui de tout façon, le corps de police se trouvant déjà sur les lieux ; (il dit plus tard et sous réserve qu'il fut surpris d'apprendre qu'elle n'avait pu être secourue à temps, car subjectivement il avait eu l'impression médicale qu'elle pût vivre), et au fond, avons-nous jamais su de quoi était morte Lady D au terme du secours tardif qu'elle reçut ? Or qu'alternativement elle disparut à la vie en ce contraire de la perception d'un passant attentif qui put l'approcher, ne fut précisément pas la faute des journalistes (autre question plus morale que symbolique)... Il suffit d'ouvrir les yeux, la pensée logique, déductive et comparative critique, selon et confrontant des informations directes et indirectes, et par suite inductive, sans appel d'experts, alors va en réveil de conscience : envisager un rapport entre le diagnostic de la mort clinique face à la question du prélèvement d'organes et des événements du genre de l'été 2003 n'est pas une folie qui décadre des problèmes de la sécurité sociale, bien au contraire, mais un argument incontournable dans le débat. Il se produira probablement d'autres amplitudes tout aussi scandaleuses avant que les causes ne bougent foncièrement, et peut-être même sans retrouver jamais la source d'une solution ‹ concept d'exigence aujourd'hui subversif à l'horizon de de celui d'"acceptable", concept de résignation... Il règne culturellement comme un vieux fond d'écran qui ne colle pas avec l'hypothèse du présent premier plan des médias ‹ ce n'est pas un problème technique qui fait compter que l'on vaille le coup de vivre ou de mourir socialement, mais l'effet pervers de ce que l'on doive évaluer les choses de cette manière. Oui le traitement du temps ou d'intervention de l'urgence version "plus-t-es-mort-cliniquement-plus-l'-ambulance-accélère, plus-t-es-pas-tout-à-fait-mort-cliniquement-plus-elle-tarde-à arriver ", selon, appliqué fatalement par infortune à la plupart des accidentés urbains depuis quelques années, est davantage révélateur de la perte de valeur symbolique de la vie, à l'horizon du corps strictement utilitaire (ne parlons pas des différences de classe sociale, puisque plus t'es riche plus on te greffe, sauf pour les expériences si t'es pauvre), que d'une défaillance de l'administration. Depuis la citation de cette défaillance on peut voir celle-ci comme une intention délibérée et édifiée philosophiquement par certains penseurs des gouvernements post-modernes, même expliquer dans ce cadre la déviance inconsciente de l'intention utile, pourtant indicible sauf émeute, vouée à l'entropie pratique de ceux qui appliquent sur le terrain d'en bas ce genre de détermination venue d'en haut, tous unis : pompiers, soignants, et le consensus. Parler de la désinvestiture du rapport symbolique à la vie, non celle de son rapport utilitaire, suppose quelques tautologies actives sur le terrain, par exemple des contre-vérités pragmatiques telle : la réanimation sur place par des secouristes qui sont immenses au Feu mais pas au pavé, parce que de toutes façons ce n'est pas de leur domaine symbolique socialement, formation ou pas ‹ un peu comme si on demandait aux Pompiers de réprimer les émeutes et aux CRS d'aller éteindre les incendies, puis aux médecins de remplacer les CRS, pompiers secouristes militairement administrés maintenant, auxquels on ne confierait pas le sort d'un malade dans la même circonstance à l'hôpital (même à l'hôpital déchu par une direction administrative autoritaire responsable non coupable), parce que l'hôpital peut encore s'accuser : l'Externe y est du moins et encore théoriquement et pratiquement relayé par l'Interne et par un Chef de clinique, hors donc ces derniers seraient-ils absents ils demeurent coupables même à tort derrière l'administration qui explique partiellement les infirmiers innocentés... C'est bien connu : le personnel soignant travaille sur des personnes malades ou accidentées ce qui relève de la tâche honteuse de la difformité de la norme bobybuildée (la peau membrane lissée sur un corps machine comme image de santé éternelle et symbole de réussite), ou du désespoir du fléau social (les SDF), et sauf l'accès à la science (représenté par les Patrons hospitaliers) et à la compétence clinique (les praticiens de garde) ‹ demeurant tout de même soumis à l'épreuve publique de leur capacité de performance, ce qui n'est plus le cas du personnel soignant, il n'en reviendrait donc aucune gratification. Pas même la réserve symbolique attachée au bourreau (parce qu'il donne la mort), et d'autant plus si le corps n'est symboliquement plus que de la bidoche saine ou malsaine : il n'y a qu'à regarder, attendre que ça se fragmente tout seul, puis trier... Faute de moyens ou de nombre soignant, voir d'un nombre compétent, dit-on? ‹ Oui sans doute, mais là ne pourrait résider la réponse déterminante. Etc... Ainsi peut-on chercher le sens sans le faire renaître sauf à faire sens de soi-même en se révoltant. Le sens n'est surtout pas l'objet de l'événement aboli (s'il faut en donner ou en re-donner c'est qu'il n'existe pas ou plus) ‹ ici le discours néo-scientifique, post-métaphysique, ou néo-philosophique des codes à l'issue des modernités techniques, ou l'art substitué à ce mode de discours appliqués à "l'ère numérique", plutôt que le raisonnement logique (j'ai bien dit logique et non rationnel): qui pourrait discerner l'inhabituel s'il prétendait être capable d'arraisonner l'altérité? L'innovation quand elle se produit c'est l'autre. Si on peut raisonner l'autre c'est qu'il n'est pas différent et qu'il est un même de plus. Le sens comme l'innovation surviennent à l'horizon de l'événement, ils s'imposent, se discernent, mais le discours ne peut que le prescrire, pas l'énoncer. N'y voir surtout pas le sens à l'issue du discours sensé lui-même, qui y trouve sa propre perte par désinformation de ce qu'il est, s'auto-préoccupant et s'auto-regardant, quand l'événement de son objet ‹ sa révélation ‹ ne pourrait être qu'hors de lui-même : en effet de mythe ou de société. La tautologie émergente relevée ici n'est pas la nôtre mais celle implicite des textes qui accompagnèrent souvent le message contesté, et en redoublant l'effet, car il est duale : passée la barrière symbolique de l'intrication commune imaginante dans l'événement collectif le plus large, qui constitue le sens même, l'appliquer à son objet détruit ne connaît que son plus vaste déliement de l'événement susceptible de le convoquer (ici l'ère numérique), ne délivrant plus que l'entropie de son éloignement ‹ ce qui comprend évidemment l'objet circonscrit de son propre concept... C'est comme un satellite ayant perdu son orbite qui s'écarterait de plus en plus de sa trajectoire, dans le vide... jusqu'à tomber dans un nouveau champ magnétique, probablement par hasard du moins au hasard des circonstances, sauf dictature de la nouvelle attraction par effet de pouvoir ou d'addiction : à savoir le sens ressaisi de lui-même dans un environnement qui l'agit le révèle soudain comme l'activateur capable d'intégrer ces circonstances précisément ensemble au vu général, à un moment ou en un lieu donné... et en surcroît réciproque du rôle de l'objet attractif, tout cela procède toujours peu ou prou de sa masse critique liée à l'environnement à l'oeuvre du détail singulier. Le sens n'échappe donc pas à la dictature du vide, ou alors la révolutionne par hasard. Même le 11 septembre 2001 n'a pas réussi à retisser la structure symbolique du sens (entendre qu'on ne sache toujours pas finalement qui est quoi et probablement jamais nous ne le saurons, ou si tard par rapport à l'événement du sens que cela aurait pu procurer à notre praxis, car ultérieurement n'aura plus d'environnement d'application ‹ je ne veux pas dire que tous les hommes seront morts mais que leur société aura changé) : c'est tout dire... Pour conlure et de plus : si le pacte technique est rompu alors le numérique qui en est l'instrument émergent et serait-il dominant ne peut constituer un pacte en soi en ce sens, si je puis dire, qu'il participe de la déstructuration symbolique, et si cette déstructuration laisse dépourvu de sens, alors elle ne peut donc être l'objet de la restructuration... a fortiori symboliquement, la cible du sens à l'ère numérique paraît se situer dans un autre champ que celui de lui décerner une flèche... car la cible pourrait bien ne pas exister. Le sens ne veut pas qu'on lui donne quelque chose il vous prend ou vous laisse... c'est lui qui se donne. Vive l'action des Intermittents ! Bien à vous. Louise D. Bien à vous. Envoi : Si le pacte technique est rompu alors le numérique ne peut constituer un pacte en soi ni même hors soi. Il existe comme environnement ‹ et en outre, de tous les événements auxquels il est lié : est-il le principal? Perso je pense que non. Demandons un peu, à lire Virilio en tant que chercheur technologiquement informé (y compris dans le cadre d'études pour le ministère de la défense), qui avait anticipé juste et avant tous, dans ces domaines... on s'y retrouvera bien. PS/ Ah mais dis quel culot elle a non mais ah! (c bien vrai ‹ et je m'en priverais ? tiens !!) < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : nettime-fr-owner@samizdat.net