Minimatic on Mon, 12 Apr 2004 15:52:52 +0200 (CEST)


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Re: [nettime-fr] Déconstruction d'un faiseur d'opinion (réponseàLibé)


Chere Louise, suis je le seul a trouver votre prose si proche du charabia...
Le fond aurait-il plus de sens lorsque la forme est inaccessible...?
Simples questions.

minimatic.





----- Original Message -----
From: Louise Desrenards <louise.desrenards@free.fr>
To: <nettime-fr@samizdat.net>
Sent: Monday, April 12, 2004 7:51 AM
Subject: [nettime-fr] Déconstruction d'un faiseur d'opinion (réponseàLibé)


> Déconstruction d'un faiseur d'opinion
> De la pression à l'ingérence
>
>
>     Il est à dire avant toute chose que l'ingérence de la France en Italie
> eut été d'agir l'opinion des medias, de leurs journalistes et des
> représentants de l'Etat Italiens, en vue d'influencer des changements de
la
> loi, par exemple l'amnistie générale des adversaires pour en finir avec la
> violence des années de plomb. Ce n'est pas le cas, bien au contraire, le
> Président Mitterrand selon une tradition locale du droit d'asile politique
a
> accueilli les réfugiés Italiens en France, pour qu'ils rompent avec la
> violence, dont après coup Cesare Battisti lequel, au terme d'un procès
mené
> et conclu ici-même, suite à une première demande d'extradition, a obtenu
des
> mains de monsieur Juppé, chef de gouvernement de la cohabitation sous le
> second mandat présidentiel de Mitterrand, une carte de séjour pour dix ans
> (citation de la déclaration du maire de Paris Delanoë).
>
> Que Battisti fut condamné après par contumace ne change rien : il se
> trouvait déjà en France. Que l'Italie n'accepte pas la diversité
européenne
> en l'état de la loi française pour des hôtes sur le territoire français
est
> son propre droit. Qu'elle exerce une pression sur notre droit ne l'est
pas,
> quand résister à cette pression devient plus que notre droit : un devoir.
>
> En effet, l'Europe qui défait les républiques et les démocraties locales
de
> devoir effectuer ses lois communautaires, normes, taxes, contrôles,
demeure
> pourtant en attente de constitution ; précisément, la mise en place de la
> constitution fut déjugée sous la présidence italienne de la commission
> européenne - ; existerait-il des lois communautaires, il ne demeure en
terme
> civique certain à ce jour, concernant les libertés de penser et
> d'expression, d'insoumission, d'asile, d'autonomie ou d'amnistie, que
selon
> l'autonomie ultime des localités européennes en ce qu'on ne pourrait leur
> déjuger de s'autodéterminer dans le cadre commun selon leur traditions
leur
> culture et leur droit respectifs, y compris pour une démocratie
> communautaire laquelle, à défaut de constitution ou de gouvernement élu
> n'existe pas de façon souveraine, sauf autoritairement : ce qui n'a pas
été
> requis par les peuples qu'elle concerne.
>
>
>         Personne ne pourrait reprocher à Libé de publier un article depuis
> Rome sur le climat italien à propos de l'affaire Battisti, et moins encore
> de n'en avoir pas transformé la tonalité subjective, fut-elle partisane
> contradictoirement de la plupart articles publiés auparavant dans le même
> support. On connaît,  " Le monde " a joué le même coup, une sorte de
> trahison de son sujet contre le fait d'avoir commencé par le défendre : il
> ne faut pas descendre dans le "lectoramat" des amateurs de Presse - ni les
> financiers ni ceux au goût du pouvoir n'aiment cela.
>
> Il reste que le brillant rédacteur Eric Jozsef s'affiche sous la bannière
de
> l'information et de l'objectivité quoiqu'il joue - à moins qu'il ne
s'agisse
> d'une maladresse ignorant la montée aléatoire du sens - de l'art des
> contractions synoptiques, chères à la version courte des idées, sous la
> forme de l'abstract (serait-il plus long que cette forme parfaite de la
> communication à l'accoutumée, car à la vision large qu'il embrasse on peut
> imaginer la profusion de la matière qui le sous-tend et qu'il réduit
plutôt
> qu'il ne la contracte). Passant d'une diachronie à l'autre, sous des mots
> clés devenant ainsi émergents et qui, au bout du compte, tiennent plus de
la
> métaphore de l'information pour opinion, que de l'actualisation de vision
> rapportée, ou même de concept (ce qui supposerait la réflexion en amont),
> apparaît soudain la révélation sensible, incontestable sous l'oeil du
témoin
> direct, l'envoyé spécial - ou plutôt le "résident", si l'on sait que peu
de
> journaux s'offrent le luxe de véritables "envoyés spéciaux",
aujourd'hui -,
> de l'événement suivant : la gauche est intégralement solidaire de la
droite
> et de l'extrême droite digérées et blanchies, dans le front démocratique
> parlementaire et gouvernemental de l'Italie de Berlusconi. Car la
> droitisation légitime de la gauche sur la question de Battisti et des PAC
> est l'objet global de l'article, s'agissant d'une publication dans un
> journal de gauche ici, si j'ai bien compris.
>
> Cette opinion étrangement fusionnelle avec la tendance annoncée du
reportage
> sur place, relation adoptant le point de vue sans distance éthique de ses
> sujets, autant de personnalités charismatiques historiques et actuelles de
> l'Etat honorées, que de criminels marginaux dénoncés qu'ils combattent,
> paraît davantage correspondre à l'environnement du journaliste lui-même,
en
> Italie.
>
> S'agit-il d'une conviction sensible sous l'effet de l'empathie avec le
> voisinage des journalistes "envoyés spéciaux" dans les sphères de la
> décision italienne, ou par opportunisme local flattant ses hôtes aux fins
de
> se maintenir en plaisantes romanités ? Car s'il va recueillir d'autres
> témoignages, par exemple du repenti délateur ou de l'idéologue des PAC
> (est-ce un repenti ? est-il libéré ? est-il emprisonné de ceux qui, chaque
> soir, doivent revenir se faire interner ?) là encore, on n'est pas informé
> sur les conditions des interviewes, ni même s'il ne s'agit pas mieux de
> citations de la Presse, ou des actes des procès... bref, ce monsieur parle
> comme s'il savait tout mais sans jamais dire si c'est directement ou
> indirectement, sans jamais citer ses sources, comme si nous devions le
> croire lui et ses improbables interlocuteurs, tel Dieu : alors qu'il
s'agit
> d'enfermer à perpétuité d'anciens militants révolutionnaires - et même
s'ils
> n'avaient pas tué, ils le pouvaient, puisqu'ils étaient armés.
>
> Il est pourtant des Italiennes et des Italiens critiques, furent-ils
> minoritaires, qui demeurent représentatifs comme électeurs italiens non
> déchus de leurs droits civiques, mais qui ne pensent pas de la même façon
;
> il en est même qui ne pensent pas de la même façon sans avoir participé à
> l'univers des accusés. Nous le voyons tous les jours dans les listes et
dans
> les sites interactifs Italiens sur Internet. Evidemment, monsieur Jozsef
> aurait pu en rencontrer quelques uns à Rome, or il n'est pas si bien
informé
> que cela, puisqu'il les ignore dans le cas général qu'il édifie d'un
> soi-disant consensus. Monsieur Jozsef ne pratique pas l'enquête S'il nous
> parle depuis la façade médiatique italienne qui l'aurait informé - ou
> désinformé - lui-même, faisant tapage de ses oracles au lieu de la vox
> populi, certes, sachant qui détient les médias et les paye, pour la
plupart
> : on veut bien le croire. Pour le reste, tout de même, il n'a pas du lui
> arriver de changer de trottoir... Monsieur Jozsef serait par trop
routinier
> ou sédentaire.
>
> Mais il y a plus grave que d'être sédentaire, quand en plus de la France
> l'Europe elle-même est en danger d'ingérence ; ainsi, il ne manque pas que
> l'évocation de cette voix critique de la minorité, qui se bat dans les
> médias alternatifs et débat en rencontres sur place, contre le manque de
> loyauté et de justice des dignitaires d'un Etat capable d'amnistier sans
> honte, le lendemain même des attentats espagnols, le 12 mars, les
> responsables de l'attentat putschiste de la Banque de l'Agriculture de
Milan
> en 1969, et criant d'autant plus fort vengeance des exactions de la lutte
> armée par l'extrême gauche (qui au fond et entre autre y répliqua), qu'il
> devient nécessaire de faire oublier l'horreur accompagnant les antécédents
> périphériques de nombre de ceux actuellement au pouvoir, dont certains
> héritiers ou témoins, sinon partenaires directs, affichés en évolution
> récente pour se trouver légitimement installés au pouvoir par la
démocratie
> italienne... Preuve que la démocratie n'est pas incompatible avec le
> fascisme, voir pouvant y conduire comme au contraire en démettre - une
sorte
> de "pute" -, ou sous d'autres formes maintenir ses avantages, par exemple
> élue et cautionnée sous injection de populisme (je ne dis pas "popularité"
;
> si la popularité caractérisait les attributs du pouvoir en place, le
recours
> à l'argumentaire sécuritaire et à la vengeance populiste ne lui serait pas
> nécessaire, pour confirmer à grands flonflons médiatiques sa crédibilité
> majoritaire - pour pallier à son impopularité potentielle).
>
> Car il manque en plus - et principalement dès que la minorité est mise en
> ellipse - des indications sur les raisons historiques passées, animant les
> références crédibilisant le présent de messieurs Violante - fut-il un
ancien
> communiste, pourtant farouche acteur des lois d'urgence à propos de la
> mafia, et quoique n'infirmant pas l'ellipse récente de l'attentat de
Milan,
> par exemple -, Spataro, non seulement " procureur adjoint à Milan " et
> s'occupant " alors de terrorisme ", mais de surcroît accusateur comme
> substitut du procureur au procès de Battisti par contumace -. Spataro, qui
> ne pourrait donc ignorer les attentats et actions d'extrême droite
> intriquant ensemble ou alternativement les responsabilités de la mafia, la
> loge P2 (l'Opus dei) et du Vatican, de la démocratie chrétienne, et des
> fractions de l'armée et de la police factieuses, adjoints à une puissance
> étrangère, quand ce n'est pas directement le chef des services secrets,
> lui-même présent - lors de l'enlèvement de Aldo Moro, attribué aux seuls
> Brigadistes -, et qui ensanglantèrent l'Italie jusqu'à 1980 ; je cite
Carlo
> Roccella ["Pour toi Cesare, que je ne connais pas et que j'ai peu lu
> (désolé, le polar c'est pas mon truc (...)"] :
>
> " ces dates, ces chiffres, ces bombes : 12 décembre '69 Piazza Fontana 16
> morts, 88 blessés ; 2 juillet '70 train Freccia del Sud 9 morts 139
blessés
> ; 25 septembre '70 assassinat de cinq anarchistes calabrais ; 28 mai '74
> Piazza della Loggia Brescia 8 morts 94 blessés; 4 août '74 train Italicus
12
> morts 105 blessés; 2 août '80 gare de Bologna 85 morts 200 blessés, bombes
> explosées toujours pendant des périodes de forte mobilisations populaire.
> Sans compter les dizaines de jeunes militants tués par les fascistes et la
> police pendant les manifestations, du Nord au Sud. " Je n'accepte pas que
> Cesare Battisti soit remis aux autorités italiennes ; Lettre au comité de
> soutien de Cesare Battisti, avril 2004.
>
> J'ajoute Gianfranco Fini, actuel vice président du conseil des ministres,
> moins prestigieusement secrétaire national du parti néo-fasciste MSI-DN de
> 1987 à 1990 et qui se trouvait spécialement dans les bureaux de la police
à
> Gênes, lors de la violente répression des altermondialistes. Son
revirement
> public sur la Shoah le sépare de la descendante de Mussolini (cadrée par
> l'union de trois formations fascistes elle se présente aux prochaines
> élections européennes), mais pas de la politique de monsieur Sharon ni de
> celle de monsieur Bush, ce qui ne prouve rien de plus que sa désaffection
> récente de l'antisémitisme.
>
> Concernant les enjeux du thème " Battisti fait l'unanimité contre lui en
> Italie ", sous-titre " Droite berlusconienne et opposition de gauche
> accablent l'ex-membre des Prolétaires armés pour le communisme ", dans un
> pays incapable d'envisager un concept politique de l'amnistie, mais
> seulement pénal ou partisan tel que l'Italie le manifeste, il paraît peu
> responsable pour un journaliste de citer les convictions aux belles
> références d'anciens ou d'actuels membres de la justice, de la
magistrature,
> ou du gouvernement italiens, sans en référer à leur rôle passé dans la
> guerre civile larvaire, puis dans la répression et les lois d'urgence ;
car
> leur point de vue contre Battisti ne pourrait en être indifférent.
>
> Sachant les situations locales respectives européennes et la situation
> communautaire elle-même, vues depuis la pression Etat-Unienne en demande
de
> contrôle de l'Europe, via les pays de l'OTAN les plus engagés dans le
> conflit en Irak, et la poussant à légiférer en amont de la fondation
> constitutionnelle, on peut envisager une tentative d'ingérence dans les
> affaires françaises resituées par l'Europe, et notamment visible à travers
> le comportement public de l'Etat Italien et solidaire du gouvernement
> français, dans le cas de Cesare Battisti, pion sémiotique d'une stratégie
de
> la communication armée par les pouvoirs, tandis qu'explosent les bombes en
> Espagne...
>
> On décèle donc, sous le flux unitaire italien présenté par cet article, à
> quel endroit se situeraient les déclarations publiques contre Battisti, en
> pleine instruction de la demande d'extradition, donc sans respect des
juges
> français et relayé par le ministre de la justice Perben lui-même à la
> télévision, avant les élections régionales ; celui-ci, en dépit du
> déferlement électoral de la gauche, reconduit comme sa loi qui clone la
loi
> italienne sur les repentis, au déni de notre tradition éthique et sans que
> nous soyons l'objet d'un état d'exception déclaré, (comme au contraire
> l'exigerait la convention de la 5e république), sa persistance, quoique
> devenue silencieuse, laisse encore imaginer l'allégeance présidentielle
> possible selon des accords secrets, qui seuls pourraient expliquer
> l'acharnement du pouvoir à l'acte.
>
>
>          Pour conclure, l'article de monsieur Jozsef n'est pas davantage
> éclairant sur les protagonistes des témoignages accablants contre
Battisti.
> Il est à remarquer, parmi le tout, un repenti et un idéologue des PACS. Où
> se trouvent-ils : libres, sous condition de dissociation devant rentrer à
la
> prison chaque soir, toujours incarcérés ? D'ailleurs on ne sait pas si le
> journaliste relate ses rencontres directes, ou celles qu'il a faites à la
> Une de ses confrères... ou encore s'agit-il d'extraits des actes des
procès
> ? De plus, il est à remarquer un mélange des protagonistes et des groupes
> qui concourre au bûcher des PAC et de Battisti.
>
> Le pire (Armando Spataro, le procureur - d'où sort-il ? est-il au
téléphone
> ?): « Ils disposaient de beaucoup d'armes mais d'un bagage culturel assez
> faible ; leur puissance de feu et leur capacité opérationnelle dépassaient
> largement leur épaisseur idéologique. » Voilà : c'étaient les prolos de la
> lutte armée, des anarcho-maos spontex de base (ça colle avec George
Habbache
> moins imprescriptible que le Hamas) des "chtarbés", des ions libres assez
> cons, et d'ailleurs ils ont commencé par les prisons, justement celle d'où
> il sortait et celle d'où il s'échappera encore aidé par ses "potes" et
sans
> se briser "L'astragale", une chance... L'autre Albertine ce fut bref,
Genet
> ce fut davantage.
>
> Je ne sais pas ce que vont en penser les lecteurs de Libération, mais les
> livres de Battisti me paraissent plus édifiants que ses témoins
transalpins
> et le journaliste qui, à force de vouloir traîner les PAC en abjection ou
de
> les révéler en folie finit par en faire des personnages fascinants : c'est
> bien pourquoi il faudrait les enfermer - en un monde si résigné ou si
> compromis qu'aujourd'hui - leur révolte "sans bagage" appliquée aux idéaux
> politiques fut-ce en cavale pourrait donner envie de les imiter ?!... Le
> repenti : chacun sait le peu de crédibilité possible à lui prêter, et rien
> qu'à lire ce qu'il est censé dire, on se le répète ; est-ce pour autant
> qu'il soit si prolixe ? l'idéologue des PAC : comme un père initiatique
> accablant son initié il définit les comportements de celui que sans doute
il
> commandait. On sait bien que les mains sales reviennent aux "hommes de
main"
> plutôt qu'aux hommes d'idées qui portent toute leur laideur dans la tête,
on
> l'imagine bien, là, d'où qu'ils aient laissé la loi des repentis, d'aveux
en
> délation, leur laver les cheveux ; ici, disons plutôt les hommes "de
poing"
> et les hommes "de tête". Encore peut-on être homme de poing virant à
l'homme
> de pied courant vite sans avoir tué quiconque ou homme de tête ayant tué -
> même pas par procuration, voyez Burroughs et plus tard Althusser. On n'a
pas
> enfermé l'assassin d'Evariste Gallois.
>
> L'Italie est le pays du déni, le déni de la responsabilité criminelle de
> membres liés à l'Etat dans la détérioration des années de plomb en dit
long
> sur celui de concéder de la pensée à ceux qui se levèrent contre le
> déferlement putschiste et furent-ils organisés ou égarés ; c'est
précisément
> ce pays où Mussolini a pu enfermer Gramsci bien avant la guerre pendant
une
> vingtaine d'années de réclusion, mort en prison en 1937. Lui qui n'avait
tué
> personne, le conseilliste visionnaire et imprégné de la vision
> pré-scientifique matérialiste de Vico, devait rester enfermé "jusqu'à ce
> qu'il ne puisse plus penser". Autant dire jamais ou la mort... N'était-ce
> pas là un épouvantable crime ?
> Monsieur Eric Jozsef, quel vil bourgeois vous faites !
>
> Combien de brigadistes déjà morts en prison, s'entretuant à cause des
> repentis ? et les autres, tués par la police dans leurs lits ?
>
> Monsieur Eric Jozsef, quel vil bourgeois vous faites !
>
> Remerciements à Jean-Paul Sartre, Pierre Mandouze, Francis Jeanson,
Germaine
> Tillon, (etc...)
>
>
> Aliette Guibert
>
> Réponse à l'article
> "Battisti fait l'unanimité contre lui en Italie", de Eric Jozsef, envoyé
> spécial du journal Libération, à Rome ; 10/4/04
>
> http://www.criticalsecret.com
>
>
> ----------------
>
> Quote
>
>
> Battisti fait l'unanimité contre lui en Italie
>
> Droite berlusconienne et opposition de gauche accablent l'ex-membre des
> Prolétaires armés pour le communisme.
>
> Par Eric JOZSEF
>
> samedi 10 avril 2004 (Liberation - 06:00)
>
> Rome de notre correspondant
>
>
>
> Divisées pratiquement sur toutes les questions politiques, la droite
> berlusconienne et l'opposition de gauche sont en revanche à l'unisson sur
le
> dossier Cesare Battisti. Des deux côtés de l'échiquier transalpin, on
> soutient ainsi la demande d'extradition de l'ancien membre des Prolétaires
> armés pour le communisme (PAC). «Celle-ci est sacro-sainte», a par exemple
> indiqué Enzo Bianco, ancien ministre de l'Intérieur (centre gauche).
> «Battisti est un assassin, il faut qu'il paie. Le garde des Sceaux,
Roberto
> Castelli, a raison», a martelé Luciano Violante, ancien président
(démocrate
> de gauche) de la Chambre des députés. De l'autre côté des Alpes, on réfute
> largement l'idée d'une Italie où, pour combattre le terrorisme, le système
> démocratique aurait été suspendu.
>
> Hold-up. Quant à la mobilisation française autour de l'écrivain italien,
> elle provoque l'incompréhension dans l'opinion publique transalpine.
> D'autant que, dans le panorama du terrorisme des années 70, les PAC
> représentent une réalité très particulière. Le sigle des Prolétaires armés
> pour le communisme apparaît pour la première fois en mai 1978 dans un
tract
> de revendication « contre les médecins flics d'Etat ». Giorgio Rossanigo,
> médecin au pénitencier de Novara, et Diego Fava, docteur milanais accusé
> d'une trop grande sévérité dans l'appréciation des conditions de santé des
> travailleurs en congés maladie, ont été blessés par balles. Les deux
actions
> ont été planifiées et organisées, selon la justice italienne, par un petit
> groupe de militants d'extrême gauche, parmi lesquels Cesare Battisti. Nés
au
> cours de l'année 1976, les PAC accomplissent ainsi leur première opération
> d'envergure. Les membres de ce groupuscule ­ qui comptera au total une
> trentaine d'activistes ­n'avaient jusqu'alors réalisé que quelques hold-up
> pour s'autofinancer et se procurer des armes. Après ces attentats, le
groupe
> change de nature.
>
> Réunis autour de la revue Sans prison et inspirés par Arrigo Cavallina,
> l'idéologue de la bande, les PAC décident de concentrer leurs activités
> contre le système carcéral où, dans une Italie en pleine effervescence
> terroriste, de nombreux militants d'extrême gauche sont emprisonnés et
> parfois maltraités. Détenu à Udine en 1977 pour vol, Cavallina dénonce les
> conditions des prisonniers, la violence des gardiens, parle de « lager
> d'Etat ». C'est en prison qu'il rencontre Cesare Battisti : « Il y était
> pour vol. C'est là que j'ai commencé à lui parler de politique », a-t-il
> raconté récemment. Condamné une première fois à trois mois de prison pour
un
> vol commis en 1973, puis à quatre ans de réclusion pour un braquage en
1974,
> Cesare Battisti, à sa sortie de prison, est une nouvelle fois poursuivi
pour
> un autre vol en février 1978. Il s'enfuit à Vérone chez Cavallina et
fournit
> au groupe « la capacité opérationnelle » qui lui manquait, selon la
formule
> du juge d'instruction Pietro Forno.
>
> « Beaucoup d'armes ». « Actifs surtout à Milan et en Vénétie, les PAC
> étaient une organisation très hétérogène. Battisti venait de la
délinquance
> commune, Adriano Carnelutti avait été proche des Brigades rouges, Pietro
> Mutti provenait de Prima Linea, Maurizio Folini avait, lui, des contacts
> avec le Front de libération de la Palestine de George Habbache et c'est le
> premier à avoir rapporté des armes du Moyen-Orient », retrace Armando
> Spataro, procureur adjoint à Milan, qui s'occupait alors de terrorisme et
> qui ajoute : « Ils disposaient de beaucoup d'armes mais d'un bagage
culturel
> assez faible ; leur puissance de feu et leur capacité opérationnelle
> dépassaient largement leur épaisseur idéologique. »
>
> « Nous étions un groupe anormal, notre vie n'était pas, comme pour les
> autres formations, consacrée à la lutte. Nous, nous mélangions nos
activités
> quotidiennes à la violence, a raconté Arrigo Cavallina. Pour nos
"actions",
> deux jours suffisaient. » Le 6 juin 1978, le surveillant de la prison
> d'Udine Antonio Santoro est abattu. « Nés d'une rage contre la prison »,
> selon Arrigo Cavallina, les PAC modifient leur stratégie fin 1978 et
> décident de frapper les commerçants qui prônent l'autodéfense. Sur fond de
> hold-up, de tentative d'enlèvement et d'attentats, le groupe prépare un
> double homicide contre Lino Sabbadin, un boucher vénitien militant
d'extrême
> droite, et contre un bijoutier milanais, Pier Luigi Torregiani. Victimes
de
> vol, tous deux ont réagi en tirant sur leurs agresseurs, des délinquants
de
> droit commun. Cavallina et quelques autres membres des PAC s'opposent aux
> représailles contre Torregiani et Sabbadin. Mais Battisti ­ « une
véritable
> machine de guerre », commentent les juges ­ et d'autres auraient insisté
> pour passer à l'action, qui plus est le même jour, pour rendre l'action
plus
> spectaculaire. Le 16 février 1979, les deux commerçants sont abattus.
>
> « Ce fut le début de la dissolution du groupe », soutient Cavallina. Le
> groupe commet néanmoins d'autres braquages et un dernier meurtre. L'un des
> policiers chargés de l'enquête Torregiani, Andrea Campagna, est tué le 19
> avril 1979. Selon Mutti, un repenti du groupe, c'est Battisti qui aurait
> tiré avec un 357 Magnum. En juin de la même année, ce dernier est arrêté
> avec d'autres membres du groupe dans un appartement milanais. C'est
> l'épilogue des PAC. Battisti est condamné en mai 1981 à près de treize ans
> de prison pour « participation à bande armée » et « recel d'armes ». En
> octobre suivant, il s'évade et fuit au Mexique puis en France. Sur la base
> de divers témoignages et surtout des déclarations du repenti Pietro Mutti,
> il est condamné en 1993 à la réclusion à perpétuité pour quatre «
homicides
> aggravés ». Cesare Battisti a toujours nié les faits, réfuté la parole de
> Mutti et parlé de déni de justice.
>
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