Louise Desrenards on Tue, 24 Aug 2004 16:41:56 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] Du destin d'Ulysse |
Voilà, les amis, sortir de sa réserve... après l'attente. Il aurait pu être enlevé par les services secrets ; il aurait pu se suicider. Seulement voilà, le fond de ce bonhomme à lire sa vie, c'est le ressort de la vie elle-même... Vive la vie ! Je fais donc le pari qu'il a fui, sachant que si tel est le cas - probable - personne d'entre vous, et surtout pas les plus proches de Cesare, ne peuvent en dire plus ni moins qu'Oreste ne l'a publié. D'ailleurs, Cesare lui-même n'a-t'il dit mot, sans doute, pour la sécurité de ses êtres chers restés sur place. S'il s'agit d'une fuite (destin) et non d'un enlèvement (fatalité) alors, c'est tout ce que chacun de ceux qui l'ont soutenu, avait pu souhaiter secrètement à propos de ce personnage, sachant sa biographie... C'est la révélation d'un destin héroïque, non celui de l'assassin mais de l'éternel insoumis, celui qui désigne aux autres devant l'infamie ce qui est encore possible en dépit de la transparence globale absolutiste du monde d'aujourd'hui. Tous probablement tous, à un moment donné, nous avons compris que la demande d'extradition était abusée par la loi contre le pacte républicain, spécifiquement à propos des Italiens puisqu'au contraire les dignitaires Malgaches n'étaient pas été inquiétés. L'extradition récente d'une ancienne militante d'action directe, cadrée par la démission mexicaine, prétendait donner un gage de la nouvelle cohérence française ; en fait, elle a confirmé en même temps l'amalgame des questions et des problèmes, et soudain que deux poids et deux mesures abolissant l'ordre symbolique du refuge politique, sous la rupture de l'indivisibilité républicaine des trois principes de liberté, d'égalité et de fraternité en chacun des trois pouvoirs séparés, commise comme un coup d'Etat en France comme l'imposant à l'étranger, régnaient désormais en nous. En cela, le gouvernement français imita près du gouvernement mexicain la pression de similarité que l'italie avait exercé sur lui. Dans la politique de l'otage, le ministre de la justice française aurait donc été victime du syndrome de Stockolm - ce qui aurait été le meilleur de sa tendance - ou de l'excès émergent des collaborateurs. La cour des cassation dans un tel cas de démission de la justice républicaine n'était plus que l'antichambre de la cour Européenne. Schengen, quelle "cochonnerie" car ces accords relayés par la cour européenne des droits de l'homme, qui s'affiche strictement technique, ont cloturé les issues de secours comme le respect du droit local singulier. Ayant jugé que Cesare n'avait aucune chance de ne pas être extradé - mais il fallait le jouer en y croyant - et compte tenu de l'attendu de la cour Européenne, confirmant les décisions italiennes en appel du procès Sofri, ce qui désignait clairement la fin de l'illusion européenne de l'issue équitable du procès Battisti, nous nous sommes dit, alors : "Mais enfin, Cesare, toi qui par trois fois t'es évadé de prison, tu vas te laisser enfermer à 55 ans, cette fois pour ta vie durant ?" J'avais même imaginé qu'il put être assassiné une fois emprisonné, m'édifiant d'autant plus de l'impossibilité réelle qu'une vie entière vouée à l'insoumission, se fut-elle échouée virtuellement dans les livres, ne trouva cette ressource matérielle ultime, une fois encore, de l'évasion la plus radicale et la plus édifiante politiquement de toutes, dans sa réalité existentielle elle-même, puisque nul nouveau procès en Italie ne pouvait avoir lieu après la condamnation par contumace, même sur l'accusation sans preuve sinon des déclarations peu crédibles, celles du repenti et du dissocié libres aujourd'hui, (?) alors qu'ils furent parmi les (ou liés aux) précédents accusés pour les mêmes meurtres. Au fond de soi, on attendait la merveilleuse insoumission possible - allait-elle être possible? - mais on craignait d'autre part l'enlèvement (j'avais pensé aux circonstances de Goldman, j'ai pensé à celles de Ben Barka). Libé dit qu'il a disparu depuis une semaine, qu'il aurait quitté la France... la photo "arivedeci" de Libé, où deux petites filles l'accompagnent, l'une fière à ses côtés et l'autre admirative face à lui, désigne l'espoir... A toi Cesare, bonne route, tu l'as fait pour toi mais aussi pour Sofri et pour tous les autres réduits par l'injustice du pouvoir, prouvant aux citoyens de la vieille Europe que nulle transparence du monde ne peut abolir la détermination politique existentielle de l'insoumis par nécessité, ni réduire la marge de sa relative autodétermination et liberté d'agir. Tous nos voeux t'accompagnent... te voici de nouveau parti en exploration, toi le grand voyageur loin de son terroir natal, nulle doute que tu sauras une fois encore innover ton moyen de vivre avec dignité et fierté où que tu sois. Nous nous occuperons de rappeler chaque semaine la vente de tes livres édités en France... Ces droits ne seront tout de même pas morts pour tout le monde, ou alors ils attendront qu'un jour, comme Ulysse, tu puisses revenir paisiblement en ta demeure. Il faut créer des sanctuaires contre le l'arraisonnement et le contrôle technique du monde, défendre les principes singuliers attachés au droit traditionnel symbolique... Moratoire pour les réfugiés politiques étrangers en France et pour les réfugiés politiques français à l'étranger ! A nous, sédentaires, de continuer ce combat pour l'imprescriptibilité de l'hospitalité. A.G pour Louise Desrenards < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : nettime-fr-owner@samizdat.net