Zinedine Zidane s'excuse, tout en ne regrettant rien. Il assume
pleinement la nécessité de protéger l'honneur des membres féminins de
sa famille face aux insultes proférées, considérant cette nécessité
comme étant même supérieure à la loyauté de son engagement auprès de
ses camarades d'équipe, qu'il a peut-être privé de la Coupe du Monde.
Ce qui se cache derrière cet acte est désastreux pour le droit des
femmes. En effet, son message implicite est que l'honneur des femmes
appartient à leurs hommes, ce qui caractérise leur situation
subalterne. Il fait aussi comprendre que la violence peut se justifier
contre des mots au nom de ce code d'honneur, donc, par extension,
contre les idées que l'on désapprouve.
Pire, par son acte, il ouvre la porte à la chose suivante : si les
femmes se rebellent contre la "confiscation de leur honneur" par leurs
hommes, si elles refusent de subir cette soumission imposée, alors
elles méritent d'être traitées de putes, être violentées, voire
assassinées, au nom justement de cet "honneur" qu'elles récusent.
Tout cela sur fond d'un Mondial où la prostitution a été
institutionalisée au nom de la sacro-sainte offre et demande du marché
tout puissant et prédateur. Ainsi, la clémence complice, voire
complaisante proférée par beaucoup à Zidane - par le président de la
république, dans les médias - devient mal placée, malvenue, dans la
mesure où elle constitue une apologie pour l'attitude femmicide,
réactionnaire, véhiculée par son acte. En tant que modèle héroïque pour
des milliards de gens, on n'aurait pas pu faire pire pour renforcer une
société qui rechigne à considérer hommes et femmes tout-e-s égaux.
Joseph Rabie
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