nat on Sat, 26 Jan 2008 07:54:09 +0100 (CET)
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[nettime-fr] Billet d'humeur : Coups de balai sur la culture multimédia en France
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Jocelyne Quélo
10:58am Jan 19th
Billet d'humeur : Coups de balai sur la culture multimédia en France
Au regard des différentes infos qui m'arrivent un peu au compte-
goutte, il apparaît que tout le champ de la culture multimédia et de
la création numérique est aujourd'hui menacé. Persistance de l'accès
à la culture pour tous sur l'ensemble du territoire, préservation de
la recherche et de la création françaises et des lieux de diffusion
sont dans la balayette.
Le programme Espaces Culture Multimédia (http://
www.ecm.culture.gouv.fr/), développé par le ministère de la Culture
et de la Communication depuis 1998 et soutenant le développement et
la valorisation de la dimension culturelle des technologies de
l’information et de la communication, vient d’être jeté à la
poubelle. Et ce n’est pas tout ! Associations culturelles, lieux de
culture scientifique, conservatoires nationaux, médiathèques, salles
de spectacles, etc., toutes ces structures organisant des actions
dédiées à l’appropriation, à l’aide à la création et/ou à la
diffusion de la culture multimédia voient l’engagement de l’Etat
disparaître. En clair, le soutien apporté par le ministère de la
Culture et de la Communication via la Drac (direction régionale des
affaires culturelles) lié à ces projets est majoritairement balayé.
Déjà dans chaque région, nombre de lieux sont dans l'obligation
d'envisager la suppression totale de leurs actions en ce domaine,
entraînant alors chômage et vide culturel local. Et encore, je ne
parle pas des répercutions à long terme...
Et pourtant : « J’ai été également frappée par la richesse de l’offre
culturelle, dans tous les secteurs. La première offre culturelle en
Europe, et sans doute au monde, avec un réseau dense, fruit du rêve
de Malraux et de cinquante ans de décentralisation. Cette richesse et
cette diversité doivent être préservées », disait notre ministre
Christine Albanel le 26 septembre dernier lors de la conférence de
presse présentant le budget 2008 de son ministère (http://
www.culture.gouv.fr/culture/actualites/index-budget08.html) avant de
conclure : « je crois que ce budget 2008 permettra, tout en
consolidant les politiques menées jusqu’à présent, d’engager les
réformes nécessaires et de contribuer à la modernisation du
ministère. Il conforte l’ambition et l’exigence de la politique
culturelle de l’Etat. Il marque également le souci de ne pas aborder
les questions uniquement de manière sectorielle, d’un côté la
culture, de l’autre la communication, d’un côté le patrimoine, de
l’autre la création. Non, je souhaite que l’ensemble des politiques,
des instruments, des outils converge au service de la culture, du
savoir et de l’information. Car dans un monde qui va de plus en plus
vite, dans une société où les repères sont peut-être moins évidents,
ils conditionnent notre capacité à nous adapter à l’évolution de
notre environnement. C’est pourquoi je vois dans l’accès à la culture
et à la communication un enjeu démocratique majeur. »
Ne serait-ce alors qu'un effet d'annonce ? Car aujourd'hui, il est
plus qu'urgent de dénoncer cette négation de la culture par la
politique gouvernementale actuelle, cette attaque à la nécessité de
transmission et d'éducation à la culture multimédia tant dans son
champs lexical que comportemental et ce, bien au-delà d'un simple
apprentissage d'outils. Qu'adviendra-t-il si chacun d'entre vous ne
peut plus accéder aux ressources qui lui permettront de mieux
percevoir le monde dans lequel nous évoluons ? De déterminer en
connaissance de cause le choix de ses outils ? Est-il acceptable de
se standardiser, de nier la nécessité d'une construction
collaborative, participative et consciente non seulement du réseau
des réseaux mais également de ses usages ? De permettre à chacun,
quel que soit son contexte social de comprendre et participer à
l'évolution de son environnement ? L’accès au savoir, à
l’information, à l’éducation et à la culture est une priorité.
« Hier il s’agissait de déréguler les tuyaux, aujourd’hui l’enjeu ce
sont les contenus et les idées. » Extrait de l'intervention de Jack
Ralite (http://www.theatre-du-soleil.fr/popup09.html), sénateur de la
Seine-Saint-Denis (Ile-de-France), lors de la discussion au Sénat du
budget 2008 de la Culture le 4 décembre 2007.
Alors qu'à l'international, artistes et chercheur travaillent
ensemble, que la création numérique est reconnue comme partie
intégrante du paysage artistique depuis de nombreuses années, que
faisons-nous de celle-ci, ici, en France ? Comment peut-on
aujourd'hui faire abstraction de ce pan de la création alors qu'il
est transversal et touche l'ensemble des champs artistiques et
culturels ?
Il est plus qu'urgent de dénoncer ce risque de disparition de tout un
pan de la création artistique en France et des réseaux de diffusion
de ces oeuvres. De dénoncer la négation de l'action culturelle menée
par les acteurs de l'ensemble du territoire et la disparition des
lieux de transmission. Devons-nous accepter stoïquement la mise à
mort de l'accès à la recherche, à l'expression, à la création et à
l'éducation pour tous ?
« Le secteur de l’action artistique et culturelle en France est d’une
incroyable diversité et d’une effervescence continue, qui, déjà très
précaire, est menacé de disparition par la politique du nouveau
Président de la République.
Créateur de lien social et d’emplois, le tissu associatif culturel
contribue à l’épanouissement des individus, encourage leur créativité
et leur émancipation en plaçant l’humain au centre de ses
préoccupations. Le secteur de l’action artistique et culturelle
déploie, sur tous les territoires où il agit, une vision sensible du
monde.
(...)
C’est ainsi que des catégories sociales, qui restent souvent à
l’écart des lieux culturels intimidants, se retrouvent impliquées
d’une manière ou d’une autre dans des projets qui génèrent de la
confiance, accroissent leur capacité à décoder le monde et à agir.
(...)
Ces initiatives qui s’inscrivent dans une logique de territoire, en
milieu rural ou urbain, se développent souvent en coopération avec
d’autres acteurs sociaux ou économiques, de telle sorte qu’en plus de
leur richesse artistique et culturelle, elles jouent un rôle
essentiel de dynamisme économique local, régional ou national.
Inscrites le plus souvent dans le champ de l’économie solidaire et du
« tiers secteur », elles en révèlent tout le potentiel direct et
renforcent l’idée que ce secteur favorise, toujours et partout,
l’intégration du long terme et de la dimension humaine dans la vie
socio-économique. Certaines de ces initiatives encouragent aussi les
relations internationales dans un esprit de coopération avec leurs
partenaires étrangers. Le cœur de ces pratiques constitue bien les
bases d’une action artistique et culturelle véritablement solidaire,
vitale pour nos sociétés.
(...) »
Extraits d'un manifeste en cours de finalisation transmis par Marc Le
Glatin, directeur du Théâtre de Chelles, responsable de ATTAC Culture
et auteur du livre {Internet : un seisme dans la culture ?},
responsable à Paris VIII de la formation politique et gestion de la
culture en Europe.
En référence également sur la question des emplois : [Associations
culturelles & emploi (http://www.culture-proximite.org/article.php3?
id_article=203), Premier panorama réalisé par Opale et le CNAR
Culture (Centre national d’appui et de ressources sur la filière
“culture”).
Jocelyne Quélo
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