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	| [nettime-fr] Billet d'humeur : Coups de balai sur la culture multimédia en France | 
 
Jocelyne Quélo
10:58am Jan 19th
Billet d'humeur : Coups de balai sur la culture multimédia en France
Au regard des différentes infos qui m'arrivent un peu au compte- 
goutte, il apparaît que tout le champ de la culture multimédia et de  
la création numérique est aujourd'hui menacé. Persistance de l'accès  
à la culture pour tous sur l'ensemble du territoire, préservation de  
la recherche et de la création françaises et des lieux de diffusion  
sont dans la balayette.
Le programme Espaces Culture Multimédia (http:// 
www.ecm.culture.gouv.fr/), développé par le ministère de la Culture  
et de la Communication depuis 1998 et soutenant le développement et  
la valorisation de la dimension culturelle des technologies de  
l’information et de la communication, vient d’être jeté à la  
poubelle. Et ce n’est pas tout ! Associations culturelles, lieux de  
culture scientifique, conservatoires nationaux, médiathèques, salles  
de spectacles, etc., toutes ces structures organisant des actions  
dédiées à l’appropriation, à l’aide à la création et/ou à la  
diffusion de la culture multimédia voient l’engagement de l’Etat  
disparaître. En clair, le soutien apporté par le ministère de la  
Culture et de la Communication via la Drac (direction régionale des  
affaires culturelles) lié à ces projets est majoritairement balayé.  
Déjà dans chaque région, nombre de lieux sont dans l'obligation  
d'envisager la suppression totale de leurs actions en ce domaine,  
entraînant alors chômage et vide culturel local. Et encore, je ne  
parle pas des répercutions à long terme...
Et pourtant : « J’ai été également frappée par la richesse de l’offre  
culturelle, dans tous les secteurs. La première offre culturelle en  
Europe, et sans doute au monde, avec un réseau dense, fruit du rêve  
de Malraux et de cinquante ans de décentralisation. Cette richesse et  
cette diversité doivent être préservées », disait notre ministre  
Christine Albanel le 26 septembre dernier lors de la conférence de  
presse présentant le budget 2008 de son ministère (http:// 
www.culture.gouv.fr/culture/actualites/index-budget08.html) avant de  
conclure : « je crois que ce budget 2008 permettra, tout en  
consolidant les politiques menées jusqu’à présent, d’engager les  
réformes nécessaires et de contribuer à la modernisation du  
ministère. Il conforte l’ambition et l’exigence de la politique  
culturelle de l’Etat. Il marque également le souci de ne pas aborder  
les questions uniquement de manière sectorielle, d’un côté la  
culture, de l’autre la communication, d’un côté le patrimoine, de  
l’autre la création. Non, je souhaite que l’ensemble des politiques,  
des instruments, des outils converge au service de la culture, du  
savoir et de l’information. Car dans un monde qui va de plus en plus  
vite, dans une société où les repères sont peut-être moins évidents,  
ils conditionnent notre capacité à nous adapter à l’évolution de  
notre environnement. C’est pourquoi je vois dans l’accès à la culture  
et à la communication un enjeu démocratique majeur. »
Ne serait-ce alors qu'un effet d'annonce ? Car aujourd'hui, il est  
plus qu'urgent de dénoncer cette négation de la culture par la  
politique gouvernementale actuelle, cette attaque à la nécessité de  
transmission et d'éducation à la culture multimédia tant dans son  
champs lexical que comportemental et ce, bien au-delà d'un simple  
apprentissage d'outils. Qu'adviendra-t-il si chacun d'entre vous ne  
peut plus accéder aux ressources qui lui permettront de mieux  
percevoir le monde dans lequel nous évoluons ? De déterminer en  
connaissance de cause le choix de ses outils ? Est-il acceptable de  
se standardiser, de nier la nécessité d'une construction  
collaborative, participative et consciente non seulement du réseau  
des réseaux mais également de ses usages ? De permettre à chacun,  
quel que soit son contexte social de comprendre et participer à  
l'évolution de son environnement ? L’accès au savoir, à  
l’information, à l’éducation et à la culture est une priorité.
« Hier il s’agissait de déréguler les tuyaux, aujourd’hui l’enjeu ce  
sont les contenus et les idées. » Extrait de l'intervention de Jack  
Ralite (http://www.theatre-du-soleil.fr/popup09.html), sénateur de la  
Seine-Saint-Denis (Ile-de-France), lors de la discussion au Sénat du  
budget 2008 de la Culture le 4 décembre 2007.
Alors qu'à l'international, artistes et chercheur travaillent  
ensemble, que la création numérique est reconnue comme partie  
intégrante du paysage artistique depuis de nombreuses années, que  
faisons-nous de celle-ci, ici, en France ? Comment peut-on  
aujourd'hui faire abstraction de ce pan de la création alors qu'il  
est transversal et touche l'ensemble des champs artistiques et  
culturels ?
Il est plus qu'urgent de dénoncer ce risque de disparition de tout un  
pan de la création artistique en France et des réseaux de diffusion  
de ces oeuvres. De dénoncer la négation de l'action culturelle menée  
par les acteurs de l'ensemble du territoire et la disparition des  
lieux de transmission. Devons-nous accepter stoïquement la mise à  
mort de l'accès à la recherche, à l'expression, à la création et à  
l'éducation pour tous ?
« Le secteur de l’action artistique et culturelle en France est d’une  
incroyable diversité et d’une effervescence continue, qui, déjà très  
précaire, est menacé de disparition par la politique du nouveau  
Président de la République.
Créateur de lien social et d’emplois, le tissu associatif culturel  
contribue à l’épanouissement des individus, encourage leur créativité  
et leur émancipation en plaçant l’humain au centre de ses  
préoccupations. Le secteur de l’action artistique et culturelle  
déploie, sur tous les territoires où il agit, une vision sensible du  
monde.
(...)
C’est ainsi que des catégories sociales, qui restent souvent à  
l’écart des lieux culturels intimidants, se retrouvent impliquées  
d’une manière ou d’une autre dans des projets qui génèrent de la  
confiance, accroissent leur capacité à décoder le monde et à agir.
(...)
Ces initiatives qui s’inscrivent dans une logique de territoire, en  
milieu rural ou urbain, se développent souvent en coopération avec  
d’autres acteurs sociaux ou économiques, de telle sorte qu’en plus de  
leur richesse artistique et culturelle, elles jouent un rôle  
essentiel de dynamisme économique local, régional ou national.  
Inscrites le plus souvent dans le champ de l’économie solidaire et du  
« tiers secteur », elles en révèlent tout le potentiel direct et  
renforcent l’idée que ce secteur favorise, toujours et partout,  
l’intégration du long terme et de la dimension humaine dans la vie  
socio-économique. Certaines de ces initiatives encouragent aussi les  
relations internationales dans un esprit de coopération avec leurs  
partenaires étrangers. Le cœur de ces pratiques constitue bien les  
bases d’une action artistique et culturelle véritablement solidaire,  
vitale pour nos sociétés.
(...) »
Extraits d'un manifeste en cours de finalisation transmis par Marc Le  
Glatin, directeur du Théâtre de Chelles, responsable de ATTAC Culture  
et auteur du livre {Internet : un seisme dans la culture ?},  
responsable à Paris VIII de la formation politique et gestion de la  
culture en Europe.
En référence également sur la question des emplois : [Associations  
culturelles & emploi (http://www.culture-proximite.org/article.php3? 
id_article=203), Premier panorama réalisé par Opale et le CNAR  
Culture (Centre national d’appui et de ressources sur la filière  
“culture”).
Jocelyne Quélo
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