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[nettime-fr] Fwd: [savoirs-annonces] Appel de parlementaires socialistes contre HADOPI



Début du message réexpédié :

De : Ludovic Pénet <ludovic@penet.org>
Date : 17 juin 2008 17:13:55 HAEC
À : savoirs@temps-nouveaux.net, savoirs-annonces@temps-nouveaux.net
Objet : [savoirs-annonces] Appel de parlementaires socialistes contre HADOPI Répondre à : savoirs-annonces@temps-nouveaux.net, Ludovic Pénet <ludovic@penet.org>
À lire en ligne sur :

http://www.liberation.fr/rebonds/332788.FR.php

et ci-dessous

@+!

Ludovic

=============

Contre la chasse aux internautes !

Le Conseil des Ministres devrait examiner demain le projet de loi HADOPI. Ce projet, dans la continuité de l’illusion répressive qui règne au plus haut niveau de l’Etat sur ce sujet, prévoit la mise sous surveillance de toutes les communications électroniques. Il ouvre la possibilité de priver jusqu'à un an un citoyen de toute connexion Internet. Pour quels faits ces mesures d'exception sont-elles réclamées ? Terrorisme international ? Criminalité en bande organisée ? Non, pour téléchargement d'oeuvres protégées par des droits d'auteur...
Le pouvoir poursuit ainsi sa croisade moyenâgeuse contre les  
internautes. Après l'échec de l'adoption d'une première version de  
la « riposte graduée » à l'occasion de l'examen, de triste mémoire,  
de la loi sur les « Droits d'Auteur et Droits Voisins dans la  
Société de l'Information » (DADVSI), le gouvernement persiste  
aujourd'hui avec une proposition attentatoire aux libertés  
fondamentales et n'apportant aucune réponse aux besoins de  
financement des créateurs.
Sous la pression des lobbies, le Gouvernement persiste à imposer  
une réglementation censée défendre un modèle économique obsolète et  
perpétuer des situations de rente détenue par les majors des  
industries culturelles et informatiques.
Pour sanctuariser ces intérêts privés, la technologie est à nouveau  
appelée à la rescousse, dans l'espoir de contrôler  
l'incontrôlable : la copie et le partage à l'infini des contenus  
numériques.
Hier, les systèmes de gestion des droits et autres dispositifs anti- 
copie (les DRM) étaient présentés comme la solution aux maux de  
l'industrie. L'Histoire a depuis rendu son jugement, tant sur  
l'inefficacité de ces systèmes que sur leurs nuisances graves :  
absence d'interopérabilité, espionnage des internautes, disparition  
inopinée de contenus, exclusion des logiciels libres, etc..Les «  
verrous numériques » partent heureusement aux oubliettes.
Les « nouvelles solutions » proposées aujourd'hui pour défendre des  
modèles économiques dépassés relèvent de la même illusion  
technologique. La surveillance et le contrôle des échanges de  
données entraînera mécaniquement une réponse de la part des  
utilisateurs, tout comme l'attaque brutale contre Napster avait  
précipité l'émergence des échanges de pair à pair. Les réseaux et  
leurs logiciels permettant le chiffrement des données et  
l'anonymisation des utilisateurs existent déjà. Ils sont aussi  
simples d'utilisation que les réseaux P2P aujourd'hui les plus  
prisés. Le franchissement d'une nouvelle étape dans cette stérile  
course aux armements ne fait guère de doutes.
Le gouvernement et les majors inspiratrices de ce projet tentent à  
nouveau, non sans hypocrisie, de convaincre que seules les oeuvres  
sont surveillées, mais pas les utilisateurs. Ses choix de textes,  
musiques, films en disent pourtant le plus souvent long sur les  
goûts et les opinions d'une personne. Le titulaire d'un accès  
Internet n’est d'ailleurs pas nécessairement à l'origine de tous  
les échanges effectués via sa connexion : s'il utilise un réseau WI- 
FI, le projet de loi HADOPI rendra demain des parents responsables  
non seulement des actes de leurs enfants, mais également de ceux de  
leurs voisins maladroits ou indélicats.
Il y a aujourd'hui une triple urgence démocratique, économique et  
sociale à libérer les échanges sur Internet et à définir les  
nouvelles rémunérations des créateurs.
L'ère du numérique nous offre la possibilité de parachever l'oeuvre  
commencée grâce à Gutenberg : faciliter la circulation la plus  
large possible des oeuvres de l'esprit. Bien entendu, cette  
diffusion libre et sans entrave de la culture ne doit pas s'opérer  
au détriment de la création et des ayant-droits.
Des solutions sont à portée de main, pour peu que l'on sorte d'une  
logique exclusivement répressive et que l'on accepte de reconnaître  
le progrès extraordinaire que pourrait constituer la mise à  
disposition illimitée de la plupart des contenus culturels, pour  
peu qu'elle fasse
l'objet d'une contrepartie équitable.

Fondées notamment sur la répartition d'une redevance en fonction de la réalité des consultations et productions d'oeuvres culturelles, elles n'ont de sens que dans une société de confiance où l'on ne cherche pas à dissimuler tous ses échanges. Ces solutions sont, sommes toutes, classiques. Une licence légale existe pour la radio. Les chaînes de télévision rémunèrent certains créateurs en fonction de l'utilisation qu'elles font de leurs oeuvres, sans avoir à demander au préalable une autorisation. Nous pouvons envisager un dispositif similaire pour l'Internet, avec comme support les flux de communications électroniques. Nous devons également soutenir toutes les formes de rémunération indirecte, qui représentent une part croissante de la rémunération des artistes et ayant-droits.
Ces solutions sont d'autant plus faisables techniquement que les  
modèles économiques des majors ont évolué ces derniers mois vers  
une offre illimitée contre paiement d'une redevance, d'un  
abonnement forfaitaire ou en présence de publicités. Ces  
financements doivent profiter à tous les ayant droits, mais en  
corrigeant l'injustice faite aux artistes, qui n'ont pour la  
plupart droit aujourd'hui qu'à la portion congrue des marges des  
industries culturelles. Ces nouveaux financements doivent également  
avoir une composante collective et solidaire, car la culture n'est  
pas un bien comme les autres.
La loi dite DADVSI a créé une fracture profonde entre les créateurs  
et leur public et constitué un gigantesque gâchis. Le projet HADOPI  
risque d'aggraver cette fracture et ne résoudra rien.
Socialistes, nous nous dressons donc aujourd'hui contre ce projet  
disproportionné et dangereux, relevant d'une vision rétrograde et  
conservatrice de la société de l'information. Nous refusons de voir  
ouvrir, avec HADOPI, une nouvelle chasse aux internautes. Nous  
refusons que l'argent public soit dilapidé dans un dispositif voué  
une nouvelle fois à l'échec. Nous appelons à la mise en place d'une  
juste rémunération apportant une véritable garantie aux créateurs.
La France, pays des droits de l'Homme et des Lumières, ne peut pas  
entrer dans le millénaire du numérique avec les habits de l'Ancien  
Régime.
Signataires :
Patrick BLOCHE, Christophe BOUILLON, Christophe CARESCHE, Olivier DUSSOPT, François LAMY, Jean-Marie LE GUEN, Didier MATHUS, Sandrine MAZETIER, Didier MIGAUD, Christian PAUL, Manuel VALLS, députés. Nicole BRICQ et Bariza KHIARI, sénateurs. Guy BONO, député européen.


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