Louise Desrenards on Thu, 11 Oct 2012 01:43:27 +0200 (CEST) |
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[Nettime-fr] Scalia sur la sodomie, l’avortement et les immigrants |
J'ai traduit ça vu du Queer et de la périphérie du monde qui se ruine, pour contribuer à la ligne éditoriale de Wendy Johnson, dans le Cahier d'octobre de criticalsecret. Ne manque plus que l'épilogue de l'éditorialiste, il viendra plus tard dans le mois. Ce texte de combat bourré d'ironie a réussi à me faire rire, pourtant c'est plus grave que Marine Le Pen qui est beaucoup mieux informée que le juge Scalia en dépit de l'évidence de leur voisinage politique:)) La journaliste est une femme de gauche dont la plume n'écrit pas la langue de bois. Tout son texte en anglais est étayé de liens conduisant à des articles de la Presse de référence aux États-Unis. - - - - - - - -- - --- SCALIA SUR LA SODOMIE, L'AVORTEMENT ET LES IMMIGRANTS par By Nina Strochlic, The Daily Beast, le 6 octobre, 2012 The Reader Supported News, le 7 octobre, 2012 Pour lire la version originale citée intégralement entrelacée avec la version en français c'est ici : http://www.criticalsecret.net/a-quotation-from-rsn-le-franc-parler-du-juge-aine-de-la-cour-supreme,063.html Souvent, dans les cas complexes, difficiles, les décisions de la Cour suprême ont historiquement redéfini la question raciale et les droits de genre. Donc il était plus qu’un peu déconcertant d’entendre le juge de la Cour suprême Antonin Scalia [1] qualifier de « simples » les décisions sur les questions les plus débattues du siècle. Scalia est connu comme le juge le plus à l’extrême droite de la Cour, tant sur le fond que sur la forme, ce qui signifie qu’il exprime son vote conformément à une lecture essentialiste de la Constitution. Lundi, il a diffusé ses vues sur un certain nombre de sujets brûlants, de l’homosexualité à l’avortement. Voici un aperçu des quelques citations qui ont assuré sa notoriété en matière judiciaire la plus tranchée siégeant au tribunal le plus puissant de la nation. « Simple » Lors d’une séance de dédicace organisée par l’American Enterprise Intitute à Washington D.C., plus tôt dans la semaine, Le juge Scalia a donné tout à fait clairement son point de vue [2]. « La peine de mort ? Laissez-moi tranquille. C’est simple. L’avortement ? Absolument simple. Personne n’a jamais pensé que la Constitution empêchait des restrictions à l’avortement », a-t-il dit. « La sodomie homosexuelle ? Allons donc. Pendant 200 ans ce fut un crime dans tous les États. » « Vaffanculo » [3] En 2006 Scalia n’a pas apprécié qu’un journaliste du Boston Herald lui ait demandé de répondre aux critiques selon lesquelles sa religion infirmait l’équité de ses décisions. « À mes détracteurs, je réponds : Vaffanculo », est censé avoir dit Scalia, se donnant de la main droite une pichenette sous le menton. En italien, cette expression peu subtile signifie « F... le camp ! », et la chiquenaude assortie de la main est tout aussi grossière. « Vous n’allez pas publier ça, n’est-ce pas ? » demanda-t-il, dans un échange qui apparemment a eu lieu, c’est intéressant à noter, à l’intérieur de la cathédrale de la Sainte-Croix [4], à l’occasion de la messe du dimanche. « Les immigrants indésirables » Quand le président Obama a adopté le DREAM Act [5] permettant aux jeunes immigrants d’obtenir la citoyenneté légale, l’Arizona a créé sa propre loi sur l’immigration, en contradiction avec certains des mandats fédéraux nouvellement créés. La loi de cet État fut invalidée par la Cour suprême, décision avec laquelle Scalia ne fut pas d’accord, allant même jusqu’à suggérer que l’État concerné pût faire sécession. « Si sécuriser son territoire de cette façon n’est pas dans les pouvoirs de l’Arizona, autant dire que nous ne devrions plus en référer comme s’agissant d’un État souverain », a-t-il écrit [6]. Mais pour revenir sur la délibération, il s’est également servi des restrictions sur les esclaves affranchis, au XIXe siècle, en disant [7], au bilan de la journée, que « Non seulement les lois des États pourvoient à l’élimination des immigrants indésirables, mais également à imposer des sanctions aux étrangers présents en situation irrégulière, et à ceux qui ont aidé leur immigration. » « 60 heures dans une boulangerie » On pourrait dire que l’une des proclamations les plus simples de Scalia concerne la sodomie. Le juge Scalia a exprimé une voix dissidente sur le cas de la prescription des lois anti-sodomie du Texas, et il a comparé ce cas à un ensemble de choses très étrange, et surtout offensif : « [Le statut anti-sodomie du Texas] impose sans aucun doute des contraintes sur la liberté », a-t-il écrit dans son soutien aux lois des États. « Ainsi font les lois prohibitives de la prostitution, de l’usage récréatif de l’héroïne, et par ailleurs de travailler plus de 60 heures par semaine dans une boulangerie. » Mais il ne s’en tint pas là quand il constata que, « Les lois des États contre la bigamie, contre le mariage entre personnes du même sexe, l’inceste par des adultes, la prostitution, la masturbation, l’adultère, la fornication, la bestialité, et l’obscénité », ainsi que toute autre loi « basée sur des choix moraux », étaient maintenant en question dans le jugement de la Cour. « Lance-roquettes portatifs » Le juge Scalia s’est assis avec Chris Wallace de Fox News pour discuter du récent massacre à Aurora, dans le Colorado [8]. En ardent défenseur du droit de porter des armes, le juge Scalia a confirmé le droit des Américains de s’armer avec tout ce qui peut se trouver « à portée de mains », ce qui, apparemment, pourrait aller bien au delà de ce que les Pères Fondateurs purent jamais imaginer. « Cela ne s’applique pas aux canons — mais je suppose qu’il y a des lance-roquettes portatifs qui peuvent mettre par terre des avions, ce qui devra être décidé. » — a-t-il dit. « Troposphère, quoi que ce soit » Scalia est connu pour son franc-parler débridé, qu’occasionnellement il montre jusque dans la plus haute salle d’audience de la nation. En 2006, la Cour suprême a entendu une affaire impliquée avec le réchauffement climatique. Lors de l’examen des polluants de l’environnement, le juge Scalia s’est trompé en référant à la troposphère comme s’agissant de la stratosphère et il fut corrigé par l’avocat de la demanderesse. Craquant après coup, il rendit clair son point de vue sur la question : « Troposphère, quoique ce soit, je vous ai déjà dit que je ne suis pas un scientifique. Pour vous dire la vérité, c’est la raison pour laquelle je ne veux pas avoir à négocier sur le réchauffement climatique. » « Une croix, une étoile de David et une demi-lune musulmane » En plus des plaidoiries érigeant une croix en l’honneur de tous les morts de la guerre de l’Amérique, le juge Scalia a offert un retour en force à ceux qui pensaient que la croix représentait le christianisme. « Que pourriez-vous ériger ? » a demandé Scalia. « La croix à un certain carrefour de l’étoile de David, vous savez, et de la demi-lune musulmane avec l’étoile [ sic ] ? » L’avocat de l’Union Américaine pour les Libertés Civiles [9] remporta quelques rires du public en reprenant la solution hésitante offerte par le juge. « Eh bien, Juge Scalia, si je peux revenir sur votre premier point. La croix est le symbole le plus répandu dans les lieux de repos des Chrétiens. Je suis allé dans des cimetières juifs. Il n’y a jamais de croix sur la pierre tombale d’un Juif. » « Exposer leurs parties génitales » Le juge Scalia pourrait faire en sorte de garder pour lui quelques unes de ses idées, afin que personne ne pense sage de le prendre au mot. Scalia, argumentant que masquer le nu intégral des danseuses de scène érotique ne viole pas la liberté d’expression [10], donne libre cours à son imagination. « Le but de la loi sur la nudité de l’Indiana aurait été transgressé, je pense, si 60.000 adultes pleinement consentants s’étaient pressés dans le Hoosier Dome [11] pour s’exposer entre eux leurs parties génitales — même s’il n’y avait pas eu d’innocent offensé dans la foule. » _____ JPEG - 72.8 kb The Roberts Court, 2010 Back row (left to right) / au second plan (de gauche à droite) : Sonia Sotomayor, Stephen G. Breyer, Samuel A. Alito, and Elena Kagan. Front row (left to right) / Au premier plan (de gauche à droite) : Clarence Thomas, Antonin Scalia, Chief Justice John Roberts, Anthony Kennedy, and Ruth Bader Ginsburg. __ Source : en.wikipedia & fr.wikipedia (suivre les liens) * Si le tweet qui apparaît dans la fenêtre d’envoi est trop long, (le nombre de signes en excès apparaissant dessous, précédé de : "-") le raccourcir avant de l’envoyer, en prenant soin de ne pas supprimer le lien même de l’article. P.S. Logo: Mark of Reader Supported News - writing for Godot (excerpt). http://readersupportednews.org/ Footnotes [1] Antonin Gregory Scalia est l’aîné des juges de la Cour Suprême des États-Unis, où nommé par le Président Reagan il siège depuis 25 ans. Il est considéré comme intégriste de l’interprétation de la constitution originale et de la lecture textuelle et littérale des lois, et plus généralement jugeant depuis des positions d’extrême droite, en quoi il ne représente pas l’ensemble des juges de la Cour Suprême. Néanmoins, on note une majorité actuelle de juges de droite à extrême droite respectivement nommés par les gouvernements Reagan, George H. W. Bush, et George W. Bush, soit 5 juges sur 9 et parmi lesquels le Juge en Chef, John Roberts. [2] Mark Sherman, Antonin Scalia: Death Penalty, Abortion, ’Homosexual Sodomy’ Are Easy Case, The Huffington Post on 10/05/12. [3] « Vaffanculo » est une insulte en italien, qui signifie, par exemple : « Va te faire foutre ! » [4] The Cathedral of the Holy Cross is the mother church of the Roman Catholic Archdiocese of Boston and the largest Roman Catholic church in New England. / La cathédrale de la Sainte Croix à Boston (MA) est un des monuments religieux les plus représentatifs et les plus grands de l’église romaine orthodoxe aux États-Unis. (Source : en.wikipedia. [5] Le DREAM Act (Development, Relief, and Education for Alien Minors, Act), entre 2001 et 2010 n’a cessé d’être adandonné et repris, amendé, au point d’être devenu d’une loi protectionniste réglant les « développement, secours et éducation pour les mineurs étrangers », puis perçue par les opposants comme favorisant l’immigration illégale et ce qu’en aucun cas elle ne pourrait amnistier, à une loi qui devrait s’adjoindre des clauses répressives — cf. l’article dans fr.wikipedia. [6] Il s’agit d’un résumé de ses déclarations publiées par Brett LoGiurato, dans la colonne politique du magazine Business Insider le 25 juin 2012 : Scalia Slams Obama in His Arizona Immigration Dissent. [7] La journaliste réfère à une analyse supplémentaire de Brett LoGiuratoe également publiée dans le Business Insider le 25 juin 2012, Everyone Is Ripping Supreme Court Justice Scalia For His Arizona Immigration Dissent, plus tard dans la soirée, où il donne une analyse plus précise des propos du Juge Scalia. [8] Il s’agit du massacre de 12 personnes par un tireur solitaire équipé et surarmé avec des armes stratégiques (gaz lacrymogène) et tactiques (armes à feu), qui a eu lieu le 20 juillet 2012 à Aurora, dans le Colorado, pendant une séance de cinéma de minuit dans une salle franchisée de la chaîne Century, au centre de la ville. Ce qui, quelques mois plus tard, et s’agissant d’un étudiant, apparaît n’avoir pas remis en cause la présence cachée des armes sur le campus de l’université du Colorado, selon une enquête et un reportage de Democracy Now, du 3 octobre. [9] « American Civil Liberties Union ». [10] La question est toujours celle de l’inviolabilité du premier amendement de la constitution américaine et des rapports dialectiques entre évolution et régression politiques de la société et de l’administration locale et fédérale des États-Unis. Ici il s’agit d’un imbroglio à épisodes légaux opposant les lois des États et le jugement fédéral de la Cour Suprême, qui prit corps par un jugement de la Cour, en 1981, condamnant la loi d’un État qui interdisait de se présenter nu publiquement sinon dans des zones autorisées. Puis en 1991 la Cour se retourna radicalement sur sa lecture constitutionnelle du Premier amendement, en autorisant la loi de l’Indiana qui depuis 1985 interdisait le nu intégral des danseuses en scène, et cette fois inclus les endroits clos et interdits aux mineurs — du moins devaient-elles porter des cache-sexes et des pastilles sur les seins. Retour de puritanisme mettant fin à la libéralisation des mœurs exprimée dans les années Pop, où les jeunes américains pouvaient se présenter nus dans les dans les concerts, sur les pelouses, ou sur les plages, ou encore dans leurs communautés coopératives, à l’instar du naturisme sauvage pratiqué publiquement au Royaume Uni et en Suède, ou de celui qui s’était développé pendant les années 70 en France. (D’après une information de l’essai de Marcela Iacub, De la pornographie en Amérique : La liberté d’expression à l’âge de la démocratie délibérative, col. Histoire de la Pensée, éd. Fayard, 2010 - lien vers amazon.fr). [11] Le Housier Dome, au cœur de la ville d’Indianapolis, était le grand stade contenant plus de 60.000 places, créé principalement pour les matchs de la prestigieuse équipe de Football américain, les Colts. Il fut inauguré le 3 mai 1984. Puis transformé par RCA (Radio Corporation of America), il devint le RCA Dome, grande salle de concerts et de cérémonies commémoratives inaugurée en 1994, et finalement programmée pour être détruite en 2008 : le bâtiment culte implosa le 20 décembre. -- http://www.criticalsecret.net/-le-carnet-d-octobre-en-2012_the-notebook-of-october-2012,034-.html L'index est en bas de la page de la rubrique. Prenez le temps de le découvrir ou d'y revenir titre par titre, ça vaut le coup, c'est dense. N'oubliez pas de naviguer dans la sélection du mois. _______________________________________________ Nettime-fr mailing list http://www.nettime.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-fr