Louise Desrenards on Mon, 10 Feb 2014 19:44:21 +0100 (CET) |
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[Nettime-fr] Zorro genre ministre et compagnie a(ss)urés |
Notes [1] Il est certainement orienté et abusif de dire qu'en France le terme << Théorie du genre >> soit essentiellement employé par ceux qui contestent la scientificité des études de genre, car sauf des extrémismes cela n'est généralement pas contesté par les adversaires de la réforme Peillon. En effet, la discipline << Gender Studies >> principalement enseignée dans les universités américaines est également enseignée dans un champ pluri-disciplinaire à la fois traversant et constituant une discipline propre sous le nom << Études de genre >> dans les universités françaises. << La théorie de genre >> (et non pas "du", quand il s'agit de la réalité de l'hypothèse scientifique) concernerait plus précisément une hypothèse de l'exclusion sociale articulée par Judith Butler dans le prolongement du point de vue historique du genre qu'elle accomplit par une description du processus de substitution sémiotique attribuant les inégalités à la nature, particulièrement dans l'ouvrage qui l'a faite connaître et considérer comme penseur du Queer, "Trouble dans le genre" (1990), mouvement subversif avec des pratiques signifiées qui existait contre la recrudescence de la pensée puritaine << politiquement correcte >> et réactionnaire succédant aux décennies de la libération des moeurs des années 60 et 70, avant cet ouvrage. Cette discipline se revendique bien comme un dispositif matérialiste historique en sociologie critique des inégalités sociales sexuées, qui constitue une théorie de l'histoire dans le prolongement de Friedrich Engels, notamment la "Dialectique de la nature" (1884) et un peu moins "L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État" et en partie l'ouvrage co-écrit avec Karl Marx en 1845 "La Sainte famille" (préalable au Capital), et plus récemment de l'historienne marxiste des inégalités de genre Joan Wallach Scott avec l'article << Le genre : une catégorie utile de l'analyse historique >> (1986), qu'elle développera dans un de ses ouvrages ultérieurs "Le genre et la politique de l'histoire" (1988 inédit en français), et auxquels en tant qu'auteur de cet article à propos de la réforme Peillon je souscris d'autre part. Notamment à travers la poursuite en avant par Judith Butler du travail philosophique entrepris plus d'un demi siècle avant par Simone de Beauvoir avec "Le deuxième sexe" publié en deux tomes chez Gallimard en 1949 : t.1. Les faits et les mythes, t.2.-- sans sous-titre, concernant principalement la formation sociale de la femme aliénée depuis l'éducation à travers l'expérience personnelle de l'auteure, où se trouve la fameuse phrase : << On ne naît pas femme : on le devient. >>, qui la rendit d'autant plus célèbre à l'étranger qu'elle l'écrivit pendant qu'elle vivait aux États-Unis où il fut sans délai traduit en anglais par Jonathan Cape pour être publié en 1953. Nous passons ici les auteurs masculins qui n'ont pas manqué de contribuer au développement de ce savoir notamment le cadre structuraliste de Michel Foucault (dont s'inspire aussi Judith Butler), pour faire état des faits éditoriaux au titre desquels, dans la controverse universitaire française à propos de ces hypothèses de travail, la critique principale soit à l'encontre d'une orientation strictement féministe des inégalités attribuées au genre, qui serait donc entendues comme tendancieuses (pour les critiques réactionnaires, mais cet argument tombe de lui-même puisqu'il s'agit à la source du développement de la théorie de genre de la critique de l'inégalité citoyenne fondant la hiérarchie sociale instituée par le genre masculin y compris la famille), et socialement exclusive des autres inégalités dans les sociétés capitalistes et financières (pour les critiques post-révolutionnaires). La seconde critique principale est relative à l'ellipse de la biologie moléculaire de pointe et secondairement de la physique des particules qui exploitent fructueusement le concept d'individuation (et notamment, pour parler à notre sensibilité des maladies actuelles, dans une application de la recherche médicale à propos du cancer ou du SIDA et << autres maladies sexuellement transmissibles >> -- pas seulement sexuellement transmissibles), et au titre de laquelle je formule également ma propre critique dans le présent article. Soit mon accord avec les principes socio-politiques de la réflexion sur le genre, mon désaccord sur le principe d'en faire un modèle tautologique, et enfin la prise en conscience de l'impact agressif consistant à faire ingérence dans la structure affective et psychique des enfants, en imposant une critique radicale constituant une information en double bind de leur miroir narcissique acquis selon les singularités familiales en amont de l'école, pour les enfants qui n'auraient pas été élevés dans cette représentation depuis leur petite enfance. Quant à la méthode d'analyse, s'il est question dans les ritournelles médiatiques actuelles de << déconstruire >> les stéréotypes de la sexuation, c'est en reproduisant le langage des experts conseillant aux pédagogues une méthode de dépouillement progressif des représentations jusqu'à leur source, héritée du dispositif de la déconstruction pensée et pratiquée par Jacques Derrida (et qui le rendit célèbre), auquel la méthode d'investigation scientifique de Judith Butler déclare également référer. Preuve que cela n'empêche en rien de critiquer l'usage appliqué (aujourd'hui forclos) que dès la fin de 2012 les experts de l'éducation aient souhaité intégrer à l'école française dès la maternelle une conception de l'enseignement exclusivement attribuée au << changement des mentalités >> sans conteste, et d'en faire à ce titre une nouvelle idéologie officielle dominante, au lieu de l'enseignement d'un savoir éveillant les consciences. Ce ne serait pas discutable dans les enseignements en philosophie et en histoire ni dans un point de vue général des réponses de l'école aux questions stéréotypées sur les différences sexuées posées par les enfants eux-mêmes, ainsi qu'aux réalités inégalitaires des enfants entre eux dans les cours de récréation (tendance généralement tenue dialectiquement à l'école publique depuis qu'elle fût instituée, et qui certainement demande à être réinvestie face au retour en force des idéologies machistes et inégalitaires accablantes combattues par les féministes depuis 1968 en France), plutôt que conforter le consumérisme commercial de la sexuation marchande à vocation des enfants (jeux, vêtements, accessoires, littérature, etc. mais pour autant que cela soit contestable ce ne saurait être interdit ni << révisé >>). Ce qui a entraîné des questions d'éthique est d'avoir tenté dans la première proposition pédagogique autour du mariage pour tous d'en faire un enseignement particulier activiste contre les modèles sexués acquis en famille par les enfants et cadré par un partenariat pédagogique prosélytique de l'activité sexuelle d'adultes à l'acte des enfants, des pré-adolescents, et des adolescents, au lieu du soutien attendu et qui avait été déclaré à des cas de détresse réels dans ce domaine. (L. D.) Je vous rassure c'est en réalité la seule note, et pour informer, l'article entier et sa présentation : "PMA, GPA, Adoption, Genre, Éducation : c'est compliqué ! " http://www.larevuedesressources.org/pma-gpa-adoption-genre-education-c-est-complique,2695.html Si tout cela vous parle et recentre au moins la réflexion à vos yeux, merci de partager largement cet article, en ces périodes de confusion qui nous gagnent. Cordialement vôtre. Louise -- ----- _______________________________________________ Nettime-fr mailing list http://www.nettime.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-fr