Louise Desrenards on Fri, 21 Jul 2006 09:10:25 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] Lettre ouverte au maire de Paris surrterre (faire suivre)


(Merci de faire suivre)



    Monsieur le maire de Paris,


    Avec tout le respect que je vous dois, je sais que vous représentez un
conseil et une administration qui ne vous représentent pas quant à eux en
tous points. Il reste qu'une volonté techno structurelle de la ville,
notamment les transports et les loisirs, affirme un engagement de votre
passage à la tête de cette structure urbaine matérielle, administrative, et
sociale pour la vie privée et collective. C'est pourquoi je ne pense pas
m'adresser à tort à votre représentation hiérarchique, en la considérant
comme responsable à mes yeux civiques.

Quelle que soit votre appartenance politique et vos engagements personnels,
et les miens sinon que je suis citoyne(ne) et ou pas électeur(trice) ? au
titre duquel, dans le cadre de ma demande, je ne me permettrais pas de vous
dire si j'avais voté ou pas pour votre représentation, étant malséant s'il
s'agit d'un intérêt public tel ce qui m'agite ici? je viens vous solliciter
d'urgence sur une question vitale, qui semble devoir impérativement vous
être posée, ces jours-ci.


    C'est essentiellement la question de l'eau courante, libre, gratuite, et
propre à la boisson, qui devrait être mise à disposition de la consommation
publique sur la voirie, dans la ville caniculaire, alors que l'eau fut en
libre consommation dans la ville non caniculaire, il y a peu d'années.

Notamment l'eau potable distribuée par les fontaines Wallace et autres
fontaines d'eau courante, ont radicalement ou presque disparu des rues, au
fur et à mesure des couches successives de vos réaménagements urbains,
(certes fonctionnels et économiques mais peu sociables pour qui va
activement, librement, ou pauvrement).

Sinon quelques unes de ces fontaines restées pour le décor et qui ne sont
pas régulièrement alimentées (en ce moment elles ne le sont pas) ;
indépendamment de celles à l'intérieur des jardins publics vers lesquels les
citoyens encore actifs en cette saison, ou les touristes, n'ont pas
obligatoirement le temps de se détourner.

De plus les jardins sont fermés en fin de soirée.

Marcher dans Paris actuellement est une épreuve dangereuse pour quiconque,
sauf à être en situation de s'asseoir dans un café, ou de porter sur soi des
bouteilles d'eau commerciales.

La tête et les visages des enfants doivent être aspergés d'eau saine en
cours de promenade ; boire ne suffit pas. Et il en va de même de certains
adultes. Que la chaleur prenne un tour de désastre alors que les biens
collectifs fondamentaux pour l'hygiène et la santé, attachés au confort
public ordinaire, librement accessibles dans la ville ouverte, aient disparu
de la voirie, est d'une aberrante gestion et conception rationaliste de
l'économie et de l'écologie urbaines.

Il est connu qu'en cas de grande chaleur c'est depuis une fontaine publique
d'eau potable jusqu'à l'autre et ainsi de suite jusqu'à destination, que les
gens se déplacent dans la ville, par exemple à Rome (et à Paris, avant votre
administration).

On peut comprendre que le coût de l'eau courante privatisée soit devenu tel
que le débit permanent du filet d'eau des fontaines Wallace puisse poser des
problèmes de frais. Cela avait lieu d'éviter l'accumulation des sels de
plomb ; mais l'alimentation de la voirie aujourd'hui n'est plus en plomb,
par conséquent l'adaptation des fontaines Wallace avec un dispositif de
règlement du débit, par un interrupteur, pourrait être aménagée.

Mais, admettons que ces colonnes à fontaines en fonte, historiques (1872),
du mobilier urbain parisien haussmannien et post-haussmannien, ne puissent
faire l'objet technique d'un réaménagement, alors vient une question
subséquente, s'agissant du patrimoine public d'une ancienne donation : où
sont elles passées ? Sont-elles jetées, vendues, ou entreposées ? Il reste
de plus une constatation supplémentaire : celles au sol qui présentaient des
systèmes d'ouverture et de fermeture manuelles ou semi-automatiques du débit
ont également été déposées des chaussées. Ce qui laisse présumer non des
problèmes techniques mais des choix économiques radicaux (aux dépens de la
jouissance publique de l'argent des contribuables).

Pour arranger la torpeur de la ville, les jets ou fontaines d'eau recyclée
non consommable, rafraîchissant ou agrémentant les espaces publiques et les
jardins, ne sont pas davantage alimentées, dans la plupart des quartiers.
Enfin, l'arrosage de la végétation des jardins ou promenades, notamment une
promenade comme celle du Boulevard Richard Lenoir qui va de La Bastille à la
Place de la République, n'est plus assuré.

Toute explication rationaliste sur l'économie de l'eau, eu égard à
l'écologie de la canicule, ne peut être une réponse satisfaisante, quand on
sait à quel point les services publics, convertis par des contrats avec des
entreprises privées, font défaut chaque été, depuis quelques années, dans
les quartiers de Paris (il y a trois et deux ans, ce fut l'absence de
ramassage des ordures ménagères pendant deux mois, suite à un changement de
contrat privé/public et aux vacances des services de nettoyage, qui posa de
gros problèmes d'hygiène dans la ville).

De plus, il convient de savoir l'impact désastreux que l'absence de
nettoyage de la voirie vaut aux conditions d'habitat des nombreuses
personnes qui vivent dans des rez-de-chaussée sur rue (les moins chers à la
location ou à l'achat).

Que dire des gens si démunis qu'ils ne peuvent que vivre et dormir
exclusivement dans les rues, ce qui en cette saison devrait être plus
supportable qu'en hiver, pourvu qu'il y ait de l'eau gratuite partout où les
autres y auraient également accès ?


    On peut bien comprendre le débordement du coût de Paris-Plage, et plus
encore, depuis cette année, la grande piscine qui procure à cette
réalisation municipale sa seule raison symbolique assumée (remplie et vidée
pour réparation puis remplie de nouveau après réparation, a-t'on lu).

Que cette piscine estivale gratuite (j'espère) existe enfin pour les
habitants qui ne peuvent s'offrir des vacances hors de la ville, en outre
des bistrots provisoires qui caractérisèrent essentiellement Paris-Plage
dans les années précédentes : qui ne pourrait s'en réjouir ? Mais comment
négliger ou oublier la majorité de la population restée sur place, ou même
des visiteurs, qui ne peuvent pas s'y rendre, ou n'ont pas le temps de s'y
rendre, ou n'ont pas volonté de s'y rendre ?


        Monsieur le maire, merci de bien vouloir considérer enfin la
question opportune des arbres et de l'oxygène urbain dans une ville accablée
d'ozone. D'abord, les arbres coupés pour raison de maladie, de sécurité, ou
de travaux de la voirie, sont remplacés par des arbres trop jeunes pour
procurer les bienfaits de ceux qu'ils remplacent. Ce qui n'était pas le cas
auparavant. De plus il arrivait que de grands arbres fussent simplement
déplacés pour être ensuite replantés à leur endroit. Ce n'est plus jamais le
cas.

Pour ne parler ensuite que de l'élagage qui a supplanté l'émondage, d'abord
au bénéfice des arbres, cette pratique est soudain devenue tellement
fréquente et désordonnée, tant sur le plan chronologique (non respect du
moment adapté de la taille selon les saisons, les lunes, les floraisons) que
sur le plan arboricole (non respect de l'arborescence et éradication
systématique des branches à hauteur d'un premier étage d'immeuble), que la
répétition des élagages abusive et toujours mal réalisés, provoque la
réduction au sommet des feuillages, au point qu'ils ne puissent se défendre
de la pollution, ni nous dispenser leur part maximale d'oxygène. Quant à
leur forme respective de croissance bafouée : tous les arbres dans la même
coupe sacrifie une partie de leur vitalité en même temps que leur beauté.

La modélisation fonctionnelle des arbres à Paris est devenue à la fois
ridicule et malsaine.

Enfin, le réaménagement des transports en commun, je veux dire le tramway,
la modification du tracé des couloirs de circulation sur les boulevards
(fort onéreux à la ville et à la région que nous créditons) et tous autres
aménagements visant à accroître la difficulté de circulation des voitures y
compris des riverains, même au prix d'enlaidir la ville en la
sur-fonctionnalisant, sans faciliter pour autant la respiration et la
circulation des personnes à pied, ni la respiration et la circulation des
personnes en bicyclette, ne sont pas des solutions totalement adéquates à la
résolution du confort des riverains, ni des travailleurs, ni des visiteurs
de cette ville, été comme hiver.

D'autant même, si nombreux citoyens entre 7 et 77 ans et au-delà de ces
marges, ne présentant pas toutes les qualités d'un corps en pleine forme,
quoique allant hors de l'hôpital, de la maison de gérontologie, ou de la
maternité, la bicyclette ne leur est pas un moyen obligatoirement
accessible, ni les rollers, ni les planches à roulettes, (ni les transports
en commun pour leur permettre d'assurer le transport d'objets volumineux et
encombrants).

La ville été comme hiver devrait-elle donc contenir la nécessité de
ressources suffisantes pour faire des taxis, de porte à porte, le seul moyen
possible de transport des personnes dans les situations hors des normes
envisagées par votre profil du climat idéal, de la pollution idéale, du
citoyen idéal ? de son âge, de son activité, de sa mobilité et de ses
revenus idéaux ?

Et l'intérêt plastique de la ville ne devrait-il pas tenir autant son
équilibre de la maintenance intelligente autant qu'esthétique de ses
équipements vitaux hérités, dont la gestion déplorable est néanmoins
coûteuse, que de la maîtrise innovante de vos ouvrages censés la rendre plus
belle, plus agréable et plus facilement utilisable, encore, dans l'intérêt
des budgets ?


    Veuillez agréer monsieur le Maire de Paris, quoique avec l'expression de
mon humble éclairage citoyen, contre gestionnaire émergent du monde que vous
nous dites dominant, celui de mes respectueuses et sincères salutations,


Louise Desrenards 



 
 
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